Rappelé à l'ordre parce que son chevalet occupait trop de place sur le trottoir, Jacques n'ose plus peindre à côté de l'Opéra de Lille, alors qu'il y est installé depuis seize ans.
Il s'appelle Jacques Catais et si vous ne connaissez ni son nom, ni son prénom, vous l'avez peut-être déjà croisé entre la Grand Place et la gare Lille-Flandres. Voilà seize ans que ce Lillois de 62 ans a installé son chevalet non loin de l'Opéra, juste devant la boulangerie Paul, et il craint de ne plus pouvoir peindre.
Mardi, Jacques s'est vu signifier par la police municipale que son chevalet occupait trop de place dans l'espace public et depuis, il ne l'a plus sorti et garde même son chien Pinceau à l'atelier, de peur de provoquer des remous.
"On m'a interdit de vendre des tableaux" explique Jacques Catais, qui raconte que mardi, "la police municipale est passée et m'a dit 'Écoute, Jacques, il faudra que tu remballes."
Travailleur et inscrit à l'URSSAF
Jacques a travaillé comme forain, ouvrier dans le BTP, réceptionniste ou sur un chantier maritime à Marseille ou garçon de café à Lille. Il avait pu louer un local pour peindre et vendre ses toiles mais l'a perdu, faute de pouvoir en payer le loyer.
Inscrit à l'URSSAF, il s'était même fait attribuer un numéro de Siren pour son activité. Rêvant d'un "Montmartre" lillois et de pouvoir vivre de ses tableaux, il envisageait même de donner des cours de peinture aux enfants.
C'est Marco Tallu, bénévole au sein de l'association "Action froid", qui a fait connaître sa situation via un post Facebook rapidement devenu viral.
"Aujourd'hui la police municipale lui a demandé de remballer son matériel et lui a interdit de peindre et de vendre ses tableaux dans la rue" y indiquait-il.
Pas tout à fait, répond la ville de Lille. Selon la mairie, qui rappelle que Jacques, "une figure du quartier", "n'a pas été verbalisé". Seulement, précise-t-on, "la seule chose qui lui a été demandé, c'était de réduire son emprise au sol", car ses affaires présentaient "une gêne pour le passage des piétons." Jacques pourra-t-il continuer à peindre s'il s'efforce d'occuper une plus petite surface ? C'est ce qui semble ressortir de cet échange.
Une pétition ?
"Il m'a dit que les commerçants du quartier allaient faire circuler une pétition pour l'aider à obtenir le droit de travailler sur son morceau de trottoir" ajoute en tout cas Marco Tallu dans son post.
L'expositio"La mendicité n'est pas du tout interdite à Lille !" se défend en tout cas la mairie. "La solidarité doit s'exprimer". Le bénévole, lui, a envoyé un courrier à Martine Aubry.
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