Un parcours chaotique
Une sérieuse incartade qu’elle assume pleinement : « j’ai prévenu la police. Ils savent non seulement qui je suis mais où je suis. » Pendant l’entretien d’ailleurs, le téléphone sonne pour convoquer mère et fils au commissariat. Mais auparavant, tous deux veulent raconter leur histoire. Une histoire, qui débute en 2011, « quand j’ai été condamnée à 14 mois d’emprisonnement pour avoir cogné un flic de trop… »Lancelot, dont la garde lui est retirée par la même occasion, est alors âgé de 11 ans. Il entame un parcours chaotique, fait d’hébergements chez des « parents » plus ou moins éloignés, des copains, des foyers et plus souvent qu’à son tour à la rue, pour se faire régulièrement éjecter par les uns et les autres, à force d’embrouilles, de bagarres et de drogues…
À 15 ans, le garçon a déjà tout expérimenté, du shit à l’héroïne, ce qui lui a valu quelques mémorables « pétages de câbles » et deux séjours en hôpital psychiatrique, assortis de traitements du genre costaud, généralement accordés aux psychotiques…
C’est cela qui a fait sortir Sylvie de ses gonds. « Là, Lancelot fait des crises de manque et ils ne veulent pas me donner son numéro de sécurité sociale pour que je puisse l’emmener chez le médecin. » Ça et le fait « qu’il ne soit plus scolarisé depuis un an et demi. Il faut que les services sociaux arrêtent de penser qu’ils sont les seuls à savoir comment élever des enfants. On voit le résultat ! »
Classée marginale
Le garçon avait été confié à une famille d’accueil de Goussainville, dans le Val-d’Oise. « Des gens vraiment très bien. Je n’avais pas été aussi bien depuis longtemps », assure-t-il. « Mais j’ai besoin de revivre avec ma mère. Alors je l’ai appelée au secours… » Une maman, qui l’assure : « Ce n’est pas parce que je suis classée marginale par la justice que je suis une mère permissive. Je n’ai jamais laissé mes enfants traîner dehors toute la journée. Je sais dire “non”. Avant d’être en invalidité, après ma sortie de prison, car ça m’a cassé physiquement, j’ai toujours travaillé. Je suis styliste modiste à l’origine, mais je n’ai jamais hésité à plonger les mains dans l’eau sale s’il le fallait… », plaide Sylvie Ayachi, qui souhaite pouvoir « garder mon fils. »Malgré une initiative pétaradante, « elle veut faire les choses bien », dit son avocate Me Faivre-Monneuse, « elle a vécu des choses. Ce n’est pas un garçon facile, mais j’ai la sensation que Lancelot ne sera bien qu’avec sa mère. C’est la solution pour lui. Son parcours montre qu’il n’est pas bien dans la situation actuelle. »
Ce mercredi, en arrivant au commissariat, Lancelot était attendu par des représentants de l’ASE. Il s’est sauvé.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/12/18/pas-un-modele-mais-une-maman
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