Samedi, en début de soirée, un jeune homme de 24 ans a voulu mettre fin à ses jours en sautant du pont Vieux dans le Tarn. Ce jeune homme en mal d'amour, devait avoir un ange gardien, qui veillait sur lui, car ce qui aurait pu être un véritable drame s'est soldé par une formidable opération de sauvetage de toute une équipe mais surtout d'un homme, qui, n'écoutant que son courage, n'a pas hésité à se jeter dans les eaux noires et glacées du Tarn pour sauver une vie. Le héros du jour, Jérôme Bousquières, 39 ans, policier municipal depuis 14 ans, encore sous le coup de l'émotion, raconte cette soirée mémorable, dont il se souvient de chaque seconde et qui restera longtemps gravée dans sa mémoire.
Où étiez-vous quand vous avez reçu l'appel de l'opérateur vidéo ?
Samedi soir, j'étais en patrouille en voiture sur le quai Montmurat avec mon collègue Philippe Magat. Alors que nous passions devant le restaurant Santa Maria, nous avons reçu un appel de l'opérateur vidéo à 18 h 57, nous informant qu'un véhicule était arrêté sur le Pont Vieux et qu'il venait de voir une personne sauter du haut du pont.
Qu'avez-vous fait à ce moment-là ?
Quand nous sommes arrivés à proximité du pont, il y avait déjà un bouchon et des badauds étaient massés sur le pont. Alors on est descendu sur les berges par la rampe, à contresens et on est rentré sur le parking, côté Mandoune. Les gens criaient que l'homme était dans l'eau, juste en dessous, mais il faisait déjà nuit, et de là où on était, je ne pouvais pas le voir. Alors je n'ai pas réfléchi, j'ai enlevé mon ceinturon et ma veste et je me suis glissé dans l'eau.
Mais l'eau devait être très froide et vous n'aviez aucun équipement ?
L'eau était glacée, mais sur le moment je n'ai pensé à rien d'autre qu'à essayer de sauver cet homme. Au moment où je commençais à nager, mon collègue a eu la présence d'esprit d'aller chercher une bouée de sauvetage dont toutes les voitures sont équipées. Heureusement que je suis bon nageur, car j'étais à contresens, il y avait du courant, il faisait sombre et je n'arrivais pas à le voir.
Et puis vous l'avez vu et vous avez eu peur ?
Il était accroché au pilier du pont et il criait qu'il ne voulait pas mourir. Et quand je l'ai vu, j'ai eu peur, car c'était un sacré gabarit et j'ai réalisé que ça allait être difficile de le ramener sur la berge.
Le retour a été difficile pour vous ?
Il avait peur, alors je lui ai parlé, je l'ai rassuré et j'ai réussi à le calmer. Je lui ai mis la bouée autour du torse et j'ai commencé à le tirer, mais plus je m'approchais des berges, plus je me décalais car il y avait du courant. Je commençais à être fatigué et j'étais en plein milieu de l'île. Heureusement, mon collègue Philippe, un pompier et un gendarme ont fait une haie avec leur tonfa, pour pouvoir me tirer hors de l'eau. Mais les derniers mètres ont été durs, car je commençais à ressentir le froid et la fatigue. Quand je suis enfin sorti de l'eau, le rescapé a été pris en charge par les pompiers et je n'ai même pas eu le temps de bien le voir. Mais il n'avait que quelques hématomes et des égratignures et il était en hypothermie. Il aurait pu mourir, mais son instinct de survie a été le plus fort, même si son geste était désespéré. Il n'a pas paniqué, mais il n'arrêtait pas de me dire qu'il l'aimait.
Dans quel état étiez-vous ?
J'étais frigorifié et les pompiers ont voulu me prendre en charge, mais sur le moment, je n'avais qu'une seule envie, prendre une douche et boire un café bien chaud. Mais j'étais en hypothermie et je n'arrivais pas à me réchauffer. Alors, il a fallu que je parte à l'hôpital en urgence. J'étais à 35 ° et j'ai dû attendre que ma température remonte. C'est une chance qu'il soit tombé sur moi, car je fais beaucoup de natation et j'ai mon brevet de surveillant de baignade. Je veux participer au triathlon de Montauban, mais je ne pensais pas faire mon entraînement de nuit et dans des eaux aussi froides. Mais là j'ai fait mon baptême.
Vous n'avez jamais eu peur ?
Je n'ai pas vraiment réfléchi et je crois que mon collègue a eu plus peur que moi. Quand on est pris dans le feu de l'action, on agit et c'est ce que les gens attendent de nous.
Vous êtes content d'avoir sauvé une vie ?
Je suis content et je suis fier d'avoir réussi. Il est sorti hier matin de l'hôpital et j'espère que ça va bien se passer pour lui. Je l'ai contacté sur les réseaux sociaux et j'aimerais juste avoir de ses nouvelles.
http://www.ladepeche.fr/article/2014/12/16/2012517-jerome-bousquieres-saute-tarn-peril-vie.html
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