Depuis hier, dans le box, tout les oppose. Nathalie Derycke, jolie femme de 33 ans à la longue chevelure blonde. Et Dany Defosse, 68 ans, cheveux poivre et sel attachés en catogan et barbe inspirée d'un tableau de Velasquez fripé par le temps. Pourtant leur enfance résonne des mêmes fêlures et du même vide. Flottant entre deux solitudes sans jamais pouvoir amarrer leur existence. Leur unique point d'ancrage : l'un pour l'autre.
Il la considère comme sa fille depuis que sa mère a été sa maîtresse il y a 30 ou 40 ans. Elle le reconnaît comme un père de cœur. Une famille de substitution pour deux êtres qui ont, un jour, délaissé leurs propres enfants, sans jamais chercher à les revoir. Préférant qu'ils continuent à rêver des parents qu'ils pourraient être plutôt que de leur infliger la triste réalité. Dany Defosse a laissé partir sa progéniture avec ses ex-compagnes pour le Canada, croit-il. A 15 ans, Nathalie Derycke a eu une fille qu'elle a subitement quittée sans jamais fournir d'explication. Lorsque, des années plus tard, son enfant a sonné à sa porte à Perpignan, elle a "cru à une mauvaise blague". Même scénario pour son fils, issu d'une relation "en dents de scie". Il n'avait que 4 ans, quand elle s'est volatilisée. Il vit aujourd'hui chez un oncle, personne ne sait où.
- "Née sous une étoile de poisse"
Elle n'a jamais connu son père, d'origine écossaise. Sa mère "schizophrène", "gentille, fragile mais forte", a été internée en psychiatrie.
Elle a donc été placée très tôt en pouponnière puis confiée à une famille d'accueil. Au sein de laquelle elle affirme avoir été victime d'abus sexuels de la part du père et d'un des fils. Les procédures seront classées sans suite. "Intelligente" mais "peu motivée par l'école", elle arrête en 6e et s'en va de chez ses grands-parents qui l'ont recueillie. Tout comme l'a été Dany Defosse. "Mon père était pasteur, journaliste, écrivain et politicien ou plutôt adjoint d'un homme politique. Il est mort en 1963. Assassiné. Il a organisé le passage clandestin des Harkis à Marseille. Nous avons été enlevés par le FLN. Ma mère et moi avons été relâchés. Deux jours plus tard, mon père a été retrouvé mort d'un coup de fusil. J'avais 16 ans. Je m'y attendais un petit peu. J'étais habitué à le voir se faire casser la figure. Ma mère voulait que je devienne comme elle, agriculteur ou éleveur d'animaux. Mon père me voyait plutôt militaire".
- "Contre-culture"
http://www.lindependant.fr/2014/12/16/assises-c-est-sans-les-autres-que-je-suis-heureuse,1968661.php
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