La cour d'assises de Paris condamné aujourd'hui à 15 ans de réclusion criminelle un Roumain pour le meurtre d'un expert en livres anciens, notamment pour Drouot, en retraite, auquel il vendait ses charmes. La condamnation a suivi les réquisitions de l'accusation. La défense, soulignant le doute né de l'absence d'éléments matériels, avait demandé l'acquittement. Ses avocats ont indiqué n'avoir pas encore décidé s'ils feraient appel. Mais la cour a notamment estimé que les mensonges et revirements de l'accusé pendant l'instruction, ainsi que ses antécédents judiciaires en Roumanie, où il a deux fois fait de la prison, pour tentative de meurtre puis vols, ôtaient toute crédibilité à ses dénégations.
Daniel Ghintu, aujourd'hui âgé de 35 ans, a toujours nié avoir tué Jimmy Drulhon, 65 ans, retrouvé par un ancien compagnon, qui avait les clés de son domicile du chic VIe arrondissement, égorgé nu dans son lit un dimanche soir de mars 2011. Pas de traces d'effraction ni de lutte. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée. Mais à partir de l'agenda de la victime, de la téléphonie et de sa carte bancaire, les enquêteurs ont rapidement été sur la piste de "Daniel (Rom)", dont l'expert avait noté la rencontre en février dans un square parisien connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles, souvent tarifées.
Identifié notamment grâce à des images de caméra de surveillance alors qu'il tentait d'utiliser la carte bancaire de la victime, Daniel Ghintu, ciblé par un mandat d'arrêt international, se présentera de lui-même à la police, à Nice, le 19 juillet. Il a reconnu être allé chez Jimmy Drulhon le jour du crime, avoir eu avec lui une relation sexuelle tarifée, volé ses affaires, mais a toujours assuré l'avoir ensuite quitté bien vivant au jardin du Luxembourg tout proche. Rappelant que les déclarations de l'accusé, notamment sur ses horaires le jour du meurtre, ont varié au cours de l'instruction, l'avocate générale Maryvonne Caillibotte avait fustigé son "jeu avec des alibis à géométrie variable".
Et si aucune trace - empreintes, ADN - de Daniel Ghintu n'a été retrouvée dans l'appartement, alors que du sperme à l'ADN inconnu a été retrouvé sur les draps et le corps de la victime, elle a jugé que "toutes ces impossibilités, tous ces mensonges", constituaient "un faisceau (...) qui vous conduit vers Daniel Ghintu". "Il n'y a aucune preuve matérielle. C'est une construction malveillante sur le principe quand on aura le voleur, on aura le coupable", avait lancé pour la défense Me Elise Arfi, fustigeant une enquête "bâclée, insuffisante, paresseuse". Elle a notamment regretté que "la double vie" de Jimmy Drulhon n'ait pas été une piste des enquêteurs. "Ne me faites pas croire que M. Ghintu est la seule personne qu'il ait rencontrée dans un square et ramenée chez lui."
"Il y a un crime, il faut un coupable. Ce n'est pas à nous de déconstruire l'accusation, c'est à l'accusation d'apporter la preuve implacable", avait renchéri Me Fabrice Epstein. "Si on ne sait pas, il ne faut pas en faire le reproche à l'accusé."
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/05/16/97001-20140516FILWWW00427-paris-15-ans-de-prison-pour-meurtre.php
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