samedi 6 juillet 2013

Six ans ferme pour l’agresseur à la hache

Ironie de l’histoire, l’affaire jugée, hier matin, au sein du tribunal correctionnel de Vesoul, l’a été dans la salle dédiée aux assises. Me Thierry Moser, l’avocat des victimes, aurait préféré qu’elle le soit également par la cour du même nom. Il a souligné, avec un certain panache, le parcours chaotique de cette procédure, déplorant son traitement et sa requalification par le parquet bisontin. C’est donc au tribunal correctionnel de Vesoul, présidé par Jean-Paul Lassauge, qu’est revenue la responsabilité de juger ces violences aggravées. Les faits remontent au 20 janvier 2012. A cette date, la route d’Hassan Talbi va croiser celle d’un couple sans histoires à Plancher-les-Mines. Ce « personnage », comme le nomme sa victime, possède un casier judiciaire chargé de 28 condamnations. Il purge actuellement une peine de deux ans de prison pour une autre affaire de violence.
En cette fin de journée hivernale, à Plancher-les-Mines, Hassan Talbi s’est beaucoup alcoolisé en compagnie d’un ami. On ne compte pas en verres mais en litres. Enervé, il s’approche au hasard d’une voiture et commence à frapper dessus. Alerté par le bruit, son propriétaire sort de son domicile voisin et essaye de raisonner l’énergumène. Peine perdue. Son compagnon de beuverie tente de s’interposer, muni d’une batte de base-ball. Hassan Talbi se saisit alors, dans le coffre, d’une hache. Il la tient à deux mains et menace le jeune père de famille. Son épouse, enceinte de 7 mois et demi, assiste à la scène derrière la fenêtre de son domicile.

Une scène qui la hante

Quand elle voit son mari en danger, elle vole à son secours, se saisissant d’un club de mini-golf, faisant office de tisonnier. Présente hier matin, elle est venue raconter, avec beaucoup de calme et de dignité, cette scène qui la hante toujours. « Je n’ai pas réfléchi. Je suis sortie et j’ai crié “Ne le tue pas”. Il s’est précipité sur moi », raconte-t-elle. Son mari s’interpose alors et pare le coup de hache avec le club de mini-golf qui vole en éclats. Le mari aura le bras cassé, sa femme sera touchée au ventre et à la cuisse. Mais le traumatisme psychologique sera le plus marquant. « Ça fait 18 mois que je reste cloîtrée chez moi. Il faut que j’arrête d’avoir peur », témoigne-t-elle, affrontant le regard de son agresseur. Il lui exprimera à plusieurs reprises ses regrets, qu’elle n’est visiblement pas prête à accepter. Au fil de l’audience, Hassan Talbi tentera d’atténuer sa responsabilité, niant la volonté de tuer et le fait d’avoir su qu‘elle était enceinte. Il n’aura pas réussi à convaincre la procureure de la République, Céline Fassey, qui fustige « l’attitude de M. Talbi qui reste dans ses dénégations. » Elle rappelle qu‘il est tout sauf un « enfant de chœur » et requiert une peine de dix ans d’emprisonnement assortie de trois ans avec sursis.
Me Moser insiste dans sa plaidoirie sur la « dangerosité extrême » du prévenu, étayée par le rapport de l’expert psychiatre. Et met également en lumière le traumatisme subi par ses clients. Me Magali Pagnot, avocate de la défense, s’emploiera à essayer de décoller l’image de « monstre » d’Hassan Talbi. Elle y réussira un peu, finalement, car le tribunal condamnera son client à une peine de six ans de prison ferme
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/07/06/six-ans-ferme-pour-l-agresseur-a-la-hache

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