jeudi 13 juin 2013

Un tandem d’escrocs en jupons

Personnes âgées, immigrés en situation plus ou moins régulière… Plus d’une quinzaine de personnes ont été victimes des agissements de ces deux escrocs. Leur manège aura duré près de trois ans, de début 2005 à fin 2007. Jusqu’à ce qu’un inspecteur bancaire découvre le pot aux roses et dépose plainte. Le système était bien rodé. L’une, Marie-Agnès Traoré, était guichetière à la banque. Sa complice, Louiza Benotmane, connaissait du monde en sa qualité de médiatrice culturelle à la maison de quartier de Planoise.
La première ouvrait des comptes et souscrivait des emprunts à son profit (à hauteur de 10.000 € chacun) à partir de faux documents (établis à partir de vrais noms) fournis par la seconde qui touchait une commission au passage.
C’est ainsi que tel retraité, ne sachant ni lire ni écrire, a découvert soudain qu’il était interdit bancaire pour avoir souscrit un emprunt dans une banque dont il n’avait jamais été client.
Pour une autre, la banquière a fait réaliser une carte bancaire qu’elle s’est adressée à elle-même, avant de retirer pour 18.000 € en trois semaines au distributeur. La banque a évalué son préjudice global à 88.000 €.
Sa complice n’a pas été en reste de son côté. Médiatrice pour la municipalité, mais également vice-présidente de l’association de solidarité « Une place au soleil », Louiza Benotmane a établi des contrats de travail fictifs et détourné ainsi quelque 143.000€ au préjudice du CNASEA (Centre national pour l’aménagement des structures). Pour payer l’Urssaf en retard du fait de la gestion erratique de l’association, mais aussi pour sa poche.

Un an et six mois ferme requis

Dans d’autres cas, elle faisait miroiter des titres de séjours moyennant quelques milliers d’euros que les personnes ne revoyaient jamais, pas plus que les papiers promis.
Les parties civiles, représentées par MMe Levieux, Jacquemet, Werthe et Bagot, vont souligner les préjudices subis par les particuliers, la Ville et la banque.
Parlant d’un « système bien organisé », la procureur Skrobala va requérir dix-huit mois dont six avec sursis et mise à l’épreuve à l’encontre de Marie-Agnès Traoré (jamais condamnée auparavant), douze mois dont six avec sursis et mise s’agissant de Louiza Benotmane (déjà condamnée à trois reprises) et trois mois avec sursis pour le fils de celle-ci, poursuivi pour subornation de témoin.
Avocat de ce dernier, Me Schwerdorffer va plaider la relaxe, parlant « d’échanges, pas de menaces ! ».
Assurant la défense de Louiza Benotmane, Me Bresson met en avant les troubles psychiatriques de sa cliente et estime que « si oui elle a fait des faux, ça n’est pas à la hauteur de ce qui est poursuivi et ils en ont tous croqué ».
Quant à Marie-Agnès Traoré, absente à l’audience, son conseil, Me Vernier, parlera d’une « conseillère bancaire qui, après avoir été irréprochable pendant vingt ans, s’est retrouvée dans une situation financière délicate. Elle a déjà payé ce qu’elle a fait en étant licenciée et en tombant gravement malade depuis ».
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 24 juillet. Sachant que mesdames Traoré et Benotmane ont déjà respectivement effectué trois et quatre mois de détention provisoire dans le cadre de cette affaire

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/06/13/un-tandem-d-escrocs-en-jupons

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