En faisant une manœuvre précipitée pour quitter son stationnement, après avoir fait monter une adolescente agressée sur le trottoir, le chauffeur d'un bus de la Transdev a involontairement écrasé en 2011 une autre jeune fille, happée par les roues arrière du bus.
C'est un dossier humainement difficile et particulièrement tendu qu'a eu à juger mardi soir le tribunal correctionnel de Reims. Celui d'un chauffeur de bus accusé d'avoir par imprudence écrasé Sandy, une jeune Rémoise de 16 ans, après avoir porté secours à une autre adolescente, frappée et tombée à terre. Celui de parents meurtris qui ne pouvaient entendre ce que le conducteur avait à dire.
Il était 19 h 15 ce 16 février 2011. Quatre jeunes, deux garçons et deux filles, dont Sandy et Audrey, se trouvaient à bord du bus n° 350 de la Transdev, ligne D. Le ton est monté. Une dispute a éclaté, puis les jeunes sont descendus au terminus, à l'arrêt Jean-Jaurès, quartier La Neuvillette. C'est là que l'altercation a repris de plus belle. Le motif de la bagarre ? Audrey avait jeté la bouteille d'alcool de son ami, estimant qu'il avait trop bu… Ce dernier l'a frappée. Audrey est tombée à terre.
Happée sous les roues
Le conducteur du bus est alors sorti pour lui venir en aide et l'a fait monter à son bord. « Il l'a frappée. Il l'a piétinée. Ça m'a choqué, la jeune fille criait. Je ne pouvais pas la laisser », a expliqué le chauffeur. « Après, il m'a menacé. Il disait qu'il voulait me tuer… Mon PC m'a dit de quitter les lieux. »
Dans sa manœuvre précipitée, il a percuté les deux garçons dont l'un a été blessé au genou. Sandy, qui se trouvait à l'arrière, a été percutée côté arrière droit du véhicule et a été happée sous le bus au niveau des roues arrières droites et du châssis arrière droit. Il n'a pas senti le choc. Il a poursuivi sa route rue de la Liberté… C'est par son PC qu'il a appris l'accident, arrivé place Royale.
Depuis le début, tout comme hier à la barre, alors que la caméra de surveillance fait état d'un soubresaut du bus lorsqu'il a démarré, le conducteur n'a eu de cesse de le répéter : « Je n'ai rien ressenti. Si j'avais senti quelque chose, je me serais arrêté. J'étais en liaison avec mon PC. Ils m'avaient dit de quitter les lieux. J'étais paniqué. Il avait dit qu'il allait me tuer… Je ne sais pas ce qu'il s'est passé derrière. » Sandy, 16 ans, est décédée dans des conditions atroces le 16 février à 20 heures.
Un an avec sursis requis
Il n'a pas senti le choc. Il n'a pas conscience qu'il a écrasé la jeune fille… Une défense impossible à entendre pour les parents de Sandy. Effondré, son père a préféré quitter la salle d'audience. Avait-il conscience qu'il venait d'écraser quelqu'un ? Le parquet ne l'a pas vu ainsi, estimant « qu'il ne l'avait pas fait exprès. Il n'a pas été volontairement dangereux. Il n'a pas bu… Il a commencé par porter secours ».
Il a commis une imprudence, même s'il ne pouvait la voir. Pour cet homicide involontaire par imprudence, Romain Ducrocq, substitut du procureur, a requis hier soir un an de prison avec sursis, ainsi qu'une interdiction du permis de conduire. Depuis ce drame, le chauffeur n'a jamais pu reprendre le volant…
L'affaire a été mise en délibéré au 20 août.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/un-chauffeur-de-bus-juge-pour-homicide-involontaire
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