vendredi 12 avril 2013

Santé . Faut-il avoir peur de la nouvelle grippe aviaire ?

Comme le font régulièrement les virus de la grippe, il y a eu échange de matériel génétique entre plusieurs virus, en l’occurrence un virus aviaire, le H9N2, identifié en Chine en 2000, et deux autres virus.

D’où vient le virus A (H7N9) ?

« Son histoire est compliquée. Le réservoir est aviaire mais on ne sait pas où il a été fabriqué », explique le Pr Bruno Lina, directeur du centre national de référence contre la grippe à Lyon. Le virus est passé de la faune sauvage aux oiseaux d’élevage et aux pigeons puis à l’homme.

Un virus très adapté à l’homme

Le problème c’est que ce virus est « très adapté à l’homme. Il a subi quatre ou cinq modifications clés et a plein d’éléments d’humanisation en lui », souligne le Pr Lina. Contrairement au virus H5N1 qui ne pouvait se fixer que sur les voies respiratoires, l’hémagglutinine du H7N9 (le H des virus HN) a la capacité de s’attacher à de nombreuses cellules humaines. Pour le moment, il n’y a jamais eu de transmission interhumaine et son taux de mortalité n’est pas connu.

Quels scénarios possibles ?

« Le scénario le plus rassurant est que le virus s’éteint tout seul comme cet été aux États-Unis où le virus H3N2 variant, d’origine porcine, a contaminé 200 personnes dans des foires et s’est arrêté quand les foires se sont arrêtées. Le moins rassurant est l’arrivée d’une pandémie. Au milieu, il y a les scénarios intermédiaires. En 2003, le virus H7N7 avait fait 80 cas en quelques semaines avant de disparaître avec l’élimination du réservoir. Mais on n’est pas spectateur, on agit », indique le virologue.

Comment la Chine gère-t-elle ?

Un début de polémique est né parce que les autorités chinoises n’auraient annoncé le premier décès que quinze jours après sa confirmation et n’auraient surveillé les marchés que tardivement. « Pour le SRAS, ils avaient mis quatre mois et demi pour en parler ! Dix-quinze jours, c’est bien : c’est presque du temps réel pour la Chine», rigole Bruno Lina. « On a énormément d’infos, on sait beaucoup de choses sur ce virus», ajoute le virologue. Les deux centres de référence français, à Lyon et à l’Institut Pasteur à Paris, vont recevoir le virus la semaine prochaine, via un système mis en place par l’Organisation mondiale de la santé, afin de mener leurs propres investigations.

Quelles mesures en France ?

Des recommandations sont en cours de rédaction pour les professionnels de santé et les hôpitaux, déjà alertés sur l’émergence d’un nouveau coronavirus (voir ci-contre). « On met en place un système qui ressemble au début de la grippe H5N1. Si on a un cas suspect, il sera placé dans une unité isolée et le diagnostic sera très vite fait, on a les outils. Mais si on a des cas non graves, l’isolement se fera sans doute chez eux, pas à l’hôpital », explique le Pr Lina qui dit n’avoir « jamais peur » mais précise qu’il « faut être vigilant avec la grippe car son adaptation est importante et qu’on ne maîtrisera jamais une épidémie de grippe ».

http://www.leprogres.fr/sante/2013/04/11/faut-il-avoir-peur-de-la-nouvelle-grippe-aviaire

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