On a beau savoir les apparences souvent trompeuses, l’on n’imagine pas non plus Mehdi Kebdou dans un box. Loin de ce profil de petite frappe basculant un jour dans le crime, pour un regard de travers, une remarque. Pour rien.
C’est pourtant ce garçon de 27 ans qui, depuis mercredi et jusqu’à vendredi, est jugé devant la cour d’assises de l’Hérault. Pour avoir, dans la nuit du 13 au 14 juillet 2010 à Beaulieu, cette commune du Lunellois, mortellement blessé d’un coup de couteau Gaëtan Boils, 18 ans, les derniers lampions de la fête votive tout juste éteints. Mais depuis la place qui est la sienne, Mehdi Kebdou le dit : "Je reconnais les faits mais je n’ai jamais voulu tuer."Impeccable de tenue et de retenue, sa sœur aînée soutient mordicus que, non, son frère "n’est pas le monstre et le délinquant que l’on se complaît à décrire. Nos parents nous ont élevés dans l’empathie, le savoir-vivre avec les autres. Cette affaire est un drame pour les deux familles...".
"Je crois que la peur, il l’a réellement ressenti"
Mais alors, comment ce jeune homme, arrivé du berceau familial grenoblois un an auparavant pour travailler dans le restaurant de sa sœur et de son beau-frère à Fréjorgues en est-il arrivé à ce geste fatal ? Passé au crible, le champ médical de l’accusé ressemble à une terre quasiment en jachère. Et ce, bien que "l’organisation de sa personnalité est assez fragile", indiquent les psychiatres l’ayant sondé. Ces mêmes spécialistes concédant tout de même : "Face à une stimulation, il va réagir assez vite." Notant également des difficultés de l’intéressé à contrôler ses pulsions. "Et qui peut subir des failles dans une situation de peur, de crainte primaire qu’il ne contrôle plus. Je crois que la peur, il l’a réellement ressenti. Il est quelque part inachevé dans la construction de sa personnalité", développe l’expert.
Filles et relents éthyliques
De là à se saisir de ce couteau ménager amené par l’un des deux copains la nuit du drame... Et puis, pourquoi diable cette troïka-là a-t-elle décidé, après avoir bu une partie de l’après-midi, de gagner ainsi Beaulieu ? Sachant qu’en arrivant vers 3 h 30, ne resteraient que des relents éthyliques à humer. Pour régler son compte à l’un qui avait, quelques jours plus tôt à la fête de Sussargues, violenté l’un des copains de Mehdi Kedou ? Ou pour voir des filles comme le souhaitait le second ? Chose certaine : peu de temps après leur arrivée, les protagonistes vont se retrouver mêlés à une rixe à l’origine floue.
"Nous, on voulait que ça se calme. Je me suis interposé et me suis fait frapper", soutient l’accusé. Copieusement rossé en tout cas après ces moulinets faits au couteau et le coup fatal. "Il n’y a pas eu de résistance. J’ai rien entendu. Pour moi, il n’y avait rien." "Vous n’êtes pas encerclé. Pourquoi vous ne partez pas ?", lui rétorque Me Abratkiewicz depuis le banc des parties civiles. "Je sais pas..."
"Je ne suis pas un lapin de six mois"
Les enquêteurs non plus du reste. Tel cet ancien militaire de la brigade de recherches de Lunel, que l’on sent à cran, une fois sur le gril de la défense : "Je ne suis pas un lapin de six mois. Je connais le principe !" Et Me Malgras, goguenard de lui adresser : "C’est quoi le principe ? Que les avocats posent des questions pièges ?"
L’enquête, il est vrai, fut épique. Tant pour tenter de préserver une scène de crime souillée plus qu’à son tour que pour remonter, ensuite, le fil des événements. Ce que résume bien l’un des collègues de ce gendarme, toujours d’active. "Nous avons eu beaucoup de mal à identifier les personnes présentes le soir des faits", concède-t-il.
Certaines ayant visiblement du mal à venir s’épancher sur le bureau du directeur d’enquête. Pourquoi ? Le silence est de sang.
http://www.midilibre.fr/2013/03/27/drame-de-beaulieu-je-n-ai-jamais-voulu-tuer,667750.php
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