jeudi 28 mars 2013

Tarbes. Le lunetier harcelait ses employées

Pascal est le PDG d'une marque célèbre d'optique et possède plusieurs magasins dans le département ainsi qu'en Espagne. Sanglé dans son impeccable costume prince-de-galles, Pascal se tient bien droit, la chevelure argentée de la cinquantaine coiffée au millimètre. L'air d'un PDG sûr de lui et calme dans l'adversité. Mais l'image va très vite se lézarder. Le chef d'entreprise est poursuivi pour harcèlement moral. Sur le banc des parties civiles, trois jeunes femmes attendent, serrées les unes contre les autres. Quand la présidente commence l'instruction du dossier, Pascal reste calme : «Vous avez insulté vos employées, vous avez mis la pression chaque fois qu'elles étaient enceintes, vous les avez humiliées, rabaissées… Ce n'est pas tolérable, et il faudrait que vous compreniez que ce sont des victimes». Quand la magistrate énonce les insultes, Pascal commence à s'agiter : «Grosse connasse qui ne fout rien ! T'es de la merde c'est tout.» À celle qui était en début de grossesse : «Bouge ton cul et ton gros bide de là, on n'est pas chez les fonctionnaires !» Et ainsi de suite. Pascal n'y tient plus et d'une voix de stentor, va se lancer dans une longue diatribe : «C'est faux ! Archifaux ! Je n'utilise jamais le mot de connasse, je trouve que c'est laid». Dans le flot de paroles de plus en plus vives, Pascal dérape très vite : «C'est vrai que je leur ai dit quelquefois qu'elles faisaient des conneries…» «Conasse», c'est vilain, «connerie», c'est beaucoup plus joli comme chacun sait. «Valérie ? un vrai boulet celle-là !, Madame la présidente. Avec 2 de tension à chaque bras ! Faut bien que le travail se fasse. Je bosse moi, qu'est-ce que vous croyez ! C'est le client qui commande et le client est exigeant.» La présidente lui coupe la parole et lui ordonne sèchement de se calmer un peu : «Vous vous rendez compte que vous êtes en train de démontrer vous-même les accusations portées contre vous, par votre comportement et vos propos ?» Manifestement, Pascal, tout à son ire, ne se rend pas compte du tout qu'il se tire lui-même une balle dans le pied. Son attitude de plus en plus véhémente et ses dénégations de plus en plus incohérentes ne font qu'aggraver la situation. A la barre, les jeunes femmes vont montrer d'abord de la colère, puis très vite, au fur et à mesure que les souvenirs reviennent, elles s'effondrent en larmes toutes les trois. «C'était la pression tout le temps, les insultes, on est toujours bonnes à rien d'après lui. On n'était que de la merde et à force, on finit par se sentir comme de la merde», racontent-elles en chœur. Pascal hoche la tête furieusement, en jetant des regards noirs. «Il semblerait que vous ayez des problèmes avec les femmes», lui lance la présidente. Il répond du tac au tac : «Je n'emploie pratiquement que des femmes, alors forcément, j'ai statistiquement plus de chances de m'engueuler avec des femmes !» jette t-il en haussant les épaules d'un geste rageur. Les mauvais points vont ainsi s'accumuler tout au long de l'audience et le casier de Pascal n'arrange pas les choses : une condamnation pour violences et une autre pour grand excès de vitesse. Tout le portrait d'un homme particulièrement sanguin. Par trois fois, la présidente devra l'interrompre et lui demander de se calmer. Peine perdue pour elle mais pas pour lui : 3 fois 5.000 € d'amende et 3 fois 1.500 € de dommages et intérêts à payer aux trois employées qui ont osé se porter parties civiles.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/03/28/1593077-le-lunetier-harcelait-ses-employees.html

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