dimanche 17 février 2013

Aude - Arsenic : le débit de l’Orbiel sème le trouble

Livrés dans leur intégralité le 12 février, les résultats préfectoraux des analyses des eaux du béal suspecté de pollution à l'arsenic n’ont pas convaincu les riverains de la vallée de l’Orbiel.
Au point d’envisager une plainte pour “mise en danger de la vie d’autrui par dissimulation d’information”, alors que notre rédaction avait, dans son édition du 12 février, fait état d’un prélèvement d’eau d’une teneur d’1,526 milligramme d’arsenic par litre d’eau dans le béal. Et la bataille de chiffres ne fait sans doute que commencer.
Car les dernières données de la préfecture posent question. Et notamment le prélèvement "complémentaire", en aval de la zone suspecte, dans l’Orbiel, au lieu-dit Orb Ver. Sur ce site, la préfecture évoque un débit de la rivière de 40 000 m3/h, et une teneur en arsenic "inférieure au seuil de détection". Et précise que, "si dans une eau stagnante, avec un faible volume, le taux d’arsenic est élevé, on constate qu’avec l’augmentation du débit, l’arsenic est dilué".

Un débit mensuel moyen de l’Orbiel entre 5 000 et 15 000 m3 /h" Un ingénieur du BRGM, fin 2011
Une "lapalissade", avait souligné le préfet, lundi dernier. Reste que le débit de 40 000 m 3 /h a de quoi étonner, lorsque les inondations du 5 septembre 2005 avaient valu à la rivière d’atteindre, en amont, un débit seulement chiffré à 10 000 m 3/h (selon la commission locale d’information sur Salsigne du 10 mars 2006). Fin 2011, c’est un "débit mensuel moyen situé entre 5 000 et 15 000 m3 /h" qu’évoquait l’ingénieur-chercheur du BRGM André Burnol pour caractériser l’Orbiel dans une communication relative au site de Salsigne.
Deux données complétées par les mesures accomplies depuis des décennies par les services de l’Etat. Avec, pour l’Orbiel, deux stations, à Lastours et Bouilhonnac, permettant de mesurer cote, pluviométrie, et débit. Et, sur la période 1976-2010, à Lastours, un débit moyen de l’Orbiel évalué à 5,52 m3 /s et 5,86 m 3 /s pour les mois de janvier et février (soit 19 872 et 21 096 m 3 /h) ; et, à Bouilhonnac, sur la période 1978-2012, à 5,32 et 5,35 m 3 /s (soit 19 152 et 19 260 m3/h).
De quoi faire de ces 40 000 m3 /h - entre Lastours et Bouilhonnac - une exception, à la valeur scientifique difficilement probante. C’est dans une remarquable pluviométrie, soulignée par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) dans son bulletin hydrologique du 1 er février qu’il faut trouver l’origine de ce débit hors normes : avec des "cumuls excédentaires" de pluviométrie "jusqu’à 1,5 fois les normales" constatées en janvier, l’"écoulement mensuel des cours d’eau de l’Aude" était "au-dessus de la normale".
De quoi modérer le résultat du 12 février. Et voir d’un autre œil le chiffre communiqué le 8 février par la préfecture, avec ces 30 à 45 microgrammes d’arsenic dans l’Orbiel, à Conques. Teneur en aval de l’Orb Ver, après la confluence avec le Ru Sec, susceptible, si l’on suit la logique préfectorale, de diminuer la teneur “naturelle” en arsenic. Le 29 janvier, jour du prélèvement, c’est un débit de 39 600 m3/h qui était relevé à Bouilhonnac...

http://www.midilibre.fr/2013/02/16/arsenic-le-debit-de-l-orbiel-seme-le-trouble,645618.php

 

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