"Avec une paire de sept." La formule de l’adjudant Merlevede en dit long sur la difficile enquête qui a permis à la brigade de recherches de Pézenas de confondre les quatre auteurs d’un vol avec violence, condamnés par la cour d’assises vendredi soir . Au départ pourtant, elle ne disposait que de peu d’éléments. Le 22 novembre 2008, un jeune homme, originaire du Calvados, arrive hagard et pieds nus à la station Total de Vias. "Il était en sang, il sentait le gaz lacrymogène et il était dépourvu de chaussures".
Pris en charge dans une Alfa RoméoIl raconte alors son calvaire aux gendarmes. Sur leboncoin.fr, il a répondu à une petite annonce pour acheter une BMW, négociée 14 500 € mais en liquide. Il a pris le train jusqu’à Agde, où le vendeur, absent, a fini par lui envoyer son beau-fils, qui le prend en charge dans une Alfa Roméo, jusqu’à un chemin de terre où il lui affirme s’être trompé de route...
Un numéro de téléphone désactivé
Aussitôt, il est aspergé de lacrymogène et trois individus encagoulés l’extirpent de la voiture et lui mettent des coups de batte de base-ball et de matraque électrique avant de le dépouiller de l’enveloppe contenant l’argent et de sa paire de chaussures. "Au départ, on a une Alfa Roméo, un téléphone et une annonce sur le boncoin.fr", résume le directeur d’enquête à la barre. Et pendant de longs mois, la BR va exploiter ces maigres pistes : "On n’a pas d’ADN, pas d’empreintes, pas de témoin, pas de vidéosurveillance".
"S’il ne parle pas, on n’a rien contre eux"
Le directeur d’enquête
La piste de l’Alfa Roméo ne donne rien : il n’y en a qu’une dans l’Hérault correspondant à la description et elle appartient à un septuagénaire. Le numéro de téléphone a été désactivé et la petite annonce a été passée d’une téléboutique à Narbonne... À cela s’ajoute un micmac avec des Lyonnais qui oriente les gendarmes vers une mauvaise piste.
Ces derniers étaient intéressés par l’achat d’une Mercedes proposée par les accusés à 18 000 € en liquide. Mais ils sont venus à Béziers à deux, ce qui a découragé les malfaiteurs. Furieux de s’être déplacés pour rien, Les Lyonnais se sont vengés en passant une autre annonce, bidon, avec le numéro utilisé par les mis en cause !
La piste est mince
"On a désespérément cherché et puis on a demandé aux opérateurs combien de puces avaient été intégrées dans un des boîtiers de téléphone", poursuit l’adjudant Christophe Merlevede. Ils vont alors tomber sur une femme, l’épouse de Rahdi Mouhamoussi, un des accusés, qui demeure à Béziers et qui a été inquiétée dans un trafic de voitures et plus particulièrement d’Alfa Roméo... Elle a inséré sa puce dans le téléphone en avril 2009. La piste est mince, ils l’exploitent à fond. "On a travaillé sur cette famille, mais il n’y avait pas grand-chose".
La paire de sept
En novembre 2010, deux ans après l’agression, en concertation avec le juge d’instruction, les gendarmes lancent un vaste coup de filet : les Lyonnais sont interpellés tout comme la famille biterroise. Un coup de poker payant : les Rhodaniens sont mis hors de cause mais Mouhamoussi, inquiet de voir son épouse en garde à vue, passe à table en fin d’interrogatoire. Les trois autres comparses sont interpellés dans la foulée. "Grâce à un numéro de série de téléphone, on tombe sur la puce insérée par l’épouse de l’un d’eux, mais si son mari ne parle pas, on n’a rien contre eux", reconnaît le limier de la BR. Dont la paire de sept a remporté la partie.
http://www.midilibre.fr/2013/01/27/guet-apens-sur-le-net-trahis-par-une-puce,633947.php
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