Plantés dans le cadre du PRU mais sans concertation, les 2 ha de chanvre destinés à dépolluer les sols du futur centre d'insertion par le maraîchage font réagir les acteurs sociaux qui, toute l'année, se battent contre les addictions.
INQUIETS. C'est le mot choisi par les éducateurs de l'Acepa, l'association chargée de prévenir les dérives de tout ordre chez « les jeunes en voie de marginalisation », dans le quartier de Manchester. Depuis plusieurs semaines maintenant, une certaine fébrilité agite les jeunes du quartier qu'ils croisent : du chanvre a été planté juste derrière la CRS 23 !
Que fait-il là ? Aucune information officielle n'a été donnée aux éducateurs.
Seule la rumeur leur a permis d'apprendre que ces 2,2 ha de chanvre ont été plantés là afin de dépolluer le sol du futur centre d'insertion par le maraîchage, créé dans le cadre du PRU.
Des pieds déterrés
« J'ai envoyé un mail pour avoir confirmation en début d'année mais je n'ai jamais eu de réponse », explique Frédéric Gillet, un des trois éducateurs de l'Acepa avec Martine Sonet et Jean-Claude Martin.
« Aucune concertation n'a eu lieu » se plaignent-ils. « Dans le cadre du PRU, nous avons toujours joué le jeu. Nous avons participé aux réunions même si nous n'étions pas toujours d'accord avec ce qui se disait. On a essayé d'être une interface avec le public qui ne comprenait pas forcément ce qui se disait en réunion. Si maintenant c'est pour le centre d'insertion par le maraîchage on n'est pas au courant. Ce n'est pas le chanvre qui gêne c'est le fait de ne pas avoir été informé. Il y aurait dû y avoir un travail en amont et une réflexion sur comment passer l'info ainsi qu'une réflexion au quotidien sur les déviances. »
Car la distinction entre chanvre et cannabis n'est pas tout à fait claire dans toutes les têtes, notamment à Manchester.
« C'est du chanvre pas du cannabis », tente d'expliquer les éducateurs à ceux qui osent leur en parler, « pas la peine d'essayer de le fumer, ça va juste te donner mal à la tête ». « Des pieds ont été déterrés » observe Frédéric Gillet qui a entendu dire que certains avait eu l'idée de recouper du vrai cannabis avec.
Manque d'anticipation
La situation prêterait presque à sourire si, dans le quartier, « des jeunes (n'allaient pas) régulièrement en tôle pour drogue ». Inquiets mais en colère aussi, les assistants sociaux pointent du doigt le manque d'anticipation des gestionnaires du PRU d'autant plus difficle à comprendre à Manchester où les partenaires sociaux sont amenés à gérer de nombreux problèmes liés aux addictions (drogues, alcool…) tout au long de l'année.
« Quelle place pour nous ? C'est quoi la pertinence d'assistants sociaux sur un quartier comme Manchester. On est intégré au PRU juste pour que la cocotte n'explose pas. Nous sommes la bonne conscience des collectivités. On sert de faire-valoir »
Et Jean-Claude Martin de ne pas baisser les bras : « Mais on finit toujours par en tirer du positif. On peut faire le boulot, mais quel boulot ? »
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/un-champ-de-chanvre-derriere-la-crs-23
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