mardi 3 juillet 2012

Trois mois de sursis pour avoir tenté de bloquer deux avions à Roissy

"On ne peut plus dire en 2012 ‘je suis écolo et je prends l'avion'". Un homme qui a tenté d'empêcher deux avions de décoller début juin à l'aéroport de Roissy afin de dénoncer "la destruction du climat" par la navigation aérienne a été condamné lundi à 3 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny. Pierre-Emmanuel Neurohr, 44 ans, déterminé dans sa lutte contre le changement climatique, a expliqué qu'il ne voulait "pas (se) dire dans 50 ans ‘je savais ce qui se passait et je n'ai rien fait'.

Le 6 juin, cet ancien salarié de Greenpeace aujourd'hui chômeur a découpé la clôture de l'aéroport afin d'accéder aux pistes, puis il s'est placé devant un Airbus A320 pour l'empêcher de décoller. Interpellé, il a été mis en garde à vue puis a dit au juge des libertés et de la détention qu'il recommencerait le lendemain, ce qu'il a fait. Le 8 juin, il a donc enfreint le contrôle judiciaire qui lui interdisait de se rendre à Roissy, bloqué un nouvel avion, puis été interpellé à nouveau.

Il a été jugé lundi pour "entrave" à la navigation aérienne, "dégradation" et "intrusion dans une zone protégée".

"C'est au parlement de changer les lois"

"Il faut interdire la machine avion", a-t-il dit au tribunal, affirmant qu'il n'y avait "rien de plus polluant". "Avec le problème du changement climatique, ce que je dis aujourd'hui va devenir demain une évidence pour beaucoup", a-t-il estimé.

"C'est au parlement de changer les lois", a rétorqué le président de la 14e chambre du tribunal, Jean-Pierre Menabé. "Vos moyens de pression, vous les utilisez en infraction avec la loi", a ajouté le magistrat.

Le tribunal a condamné le militant à 3 mois de prison avec sursis pour "entrave" et à 1.000 euros d'amende. Le parquet avait requis 3 mois de prison avec sursis avec mise à l'épreuve et l'interdiction de se présenter sur toute zone aéroportuaire. Il avait dénoncé "un comportement dangereux pour la sûreté aéroportuaire". Aéroports de Paris et Air France ne se sont pas constitués partie civile dans l'affaire.

"Je pense qu'il faut y retourner (bloquer les avions, ndlr), mais je ne sais pas si j'aurai le courage", a dit à l'AFP Pierre-Emmanuel Neurohr avant le jugement, rappelant qu'il risquait la prison ferme.

Aucun commentaire: