"On ne peut plus dire en 2012 ‘je suis écolo et je
prends l'avion'". Un homme qui a tenté d'empêcher deux avions de décoller début
juin à l'aéroport de Roissy afin de dénoncer "la destruction du climat" par la
navigation aérienne a été condamné lundi à 3 mois de prison avec sursis par le
tribunal correctionnel de Bobigny. Pierre-Emmanuel Neurohr, 44 ans, déterminé
dans sa lutte contre le changement climatique, a expliqué qu'il ne voulait "pas
(se) dire dans 50 ans ‘je savais ce qui se passait et je n'ai rien fait'.
Le 6 juin, cet ancien salarié de Greenpeace aujourd'hui chômeur
a découpé la clôture de l'aéroport afin d'accéder aux pistes, puis il s'est
placé devant un Airbus A320 pour l'empêcher de décoller. Interpellé, il a été
mis en garde à vue puis a dit au juge des libertés et de la détention qu'il
recommencerait le lendemain, ce qu'il a fait. Le 8 juin, il a donc enfreint le
contrôle judiciaire qui lui interdisait de se rendre à Roissy, bloqué un nouvel
avion, puis été interpellé à nouveau.
Il a été jugé lundi pour "entrave" à la navigation aérienne,
"dégradation" et "intrusion dans une zone protégée".
"C'est au parlement de changer les lois"
"Il faut interdire la machine avion", a-t-il dit au tribunal,
affirmant qu'il n'y avait "rien de plus polluant". "Avec le problème du
changement climatique, ce que je dis aujourd'hui va devenir demain une évidence
pour beaucoup", a-t-il estimé.
"C'est au parlement de changer les lois", a rétorqué le
président de la 14e chambre du tribunal, Jean-Pierre Menabé. "Vos moyens de
pression, vous les utilisez en infraction avec la loi", a ajouté le magistrat.
Le tribunal a condamné le militant à 3 mois de prison avec
sursis pour "entrave" et à 1.000 euros d'amende. Le parquet avait requis 3 mois
de prison avec sursis avec mise à l'épreuve et l'interdiction de se présenter
sur toute zone aéroportuaire. Il avait dénoncé "un comportement dangereux pour
la sûreté aéroportuaire". Aéroports de Paris et Air France ne se sont pas
constitués partie civile dans l'affaire.
"Je pense qu'il faut y retourner (bloquer les avions, ndlr),
mais je ne sais pas si j'aurai le courage", a dit à l'AFP Pierre-Emmanuel
Neurohr avant le jugement, rappelant qu'il risquait la prison ferme.
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