mardi 19 juin 2012

Le tireur fou était excédé par le bruit

Dépressif et désespéré, l'homme retranché chez lui, dans la résidence « les Balcons de Muret », s'est expliqué, hier, devant le tribunal correctionnel sur les raisons de son geste. Interpellé vendredi après-midi par les gendarmes après avoir tiré à quatre reprises avec son fusil de chasse, Daniel, 57 ans, a été condamné, pour violence avec arme en comparution immédiate, à huit mois de prison dont quatre avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans. Peine conforme aux réquisitions du procureur. Sanction accompagnée d'une obligation de soins et d'une amende de 100 € pour port d'arme.

"Je regrette mon geste"

Au chômage depuis trois ans, ce locataire excédé par les bruits de pelleteuse sous sa fenêtre, donnant sur l'avenue Douzans, a vu rouge. « J'assume tous mes torts, je ne savais pas que j'étais à ce point dépressif. Je regrette mon geste et suis prêt à payer pour ça », dit-il, dans son box, assumant sans restriction toute sa responsabilité dans cette affaire. Seul dans son appartement ce vendredi 15 juin, Daniel ingurgite la moitié d'une bouteille de whisky et ouvre le feu depuis son balcon en direction des ouvriers d'un chantier de terrassement. Des travaux qui ont le don de lui taper sur les nerfs, lui, l'ex-grutier licencié économique depuis trois ans, ayant toutes les peines du monde à retrouver un emploi. Alors, quand le ballet des engins mécaniques entame fièrement son concert assourdissant, Daniel, ivre de détresse et d'amertume, explose. Fusil en main, il ouvre le feu sur une balayeuse. Le chef de chantier et mis en joue par le tireur fou dont le taux d'alcoolémie est proche des 3 grammes. Quinze jours plus tôt, il avait menacé ce même homme en guise d'avertissement. « On m'avait dit que si j'étais pas content, il fallait voir avec la mairie », poursuit Daniel qui, désespéré, avait remis sa vie entre les mains du hasard : « Soit je gagne au loto, soit je me tue. » Finalement, c'est sur les engins de chantier, devant sa fenêtre qu'il pointe son fusil.

"On a évité le drame"

« On a évité le drame ! », assène le procureur bien obligé de reconnaître le profil atypique de Daniel. Jamais condamné mais vivant mal sa solitude, « la foudre s'est abattue sur lui », martèle son avocat, Me Yves Carmona. « Il n'a rien d'un délinquant. Son geste est celui d'un homme désespéré dont la souffrance est insupportable à ce moment précis. »
Tasé par les gendarmes du peloton de surveillance et d'intervention, Daniel avait tiré une dernière fois en l'air avant de s'écrouler. Hier, il est reparti à la maison d'arrêt de Seysses.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/06/19/1381088-le-tireur-fou-etait-excede-par-le-bruit.html

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