Les vols étaient toujours reportés au dernier moment pour des raisons farfelues. Une fois, la météo n’était pas favorable, une autre il y avait des problèmes techniques, parfois encore le poids des candidats à la promenade aérienne était en cause !
Les dirigeants de cette entreprise, dont l’escroquerie était la principale activité, étaient père et fils. William Haby, le père, semblait tirer les ficelles. Nicolas Haby, le fils, suivait sans protester.
Jugée en première instance le 7 juillet 2011, cette affaire a été conclue par de lourdes condamnations. Le père a été reconnu coupable d’escroquerie et harcèlement moral sur ses employés. Il a écopé de 3 ans de prison ferme et mise en faillite personnelle pendant 15 ans.
Le fils n’a pris que 18 mois avec sursis et interdiction de gérer pendant 5 ans. De lourdes compensations financières ont été infligées aux deux coupables, chargés d’indemniser les 570 victimes, personnes morales et personnes physiques.
Hier, cet épais dossier revenait devant la cour d’appel de Nancy par la volonté de Nicolas Haby. Le fils a fait appel, contrairement au père, lequel a visiblement accepté sa condamnation et a préféré ne pas risquer une sanction plus lourde encore.
Dans la salle, quelques victimes ont fait le déplacement. Elles écoutent, satisfaites, l’avocat général requérir une aggravation de la peine : deux ans de prison avec mise à l’épreuve au lieu des 18 mois précédemment décidés.
Un mouton de Panurge
Voilà qui, en revanche, est loin de satisfaire l’avocat de la défense, Me Jean-Thomas Kroell, venu devant la cour pour demander la relaxe pure et simple de son client. Sa plaidoirie est longue, très longue. Mais son raisonnement est simple, très simple. Pour lui, le fils n’a fait qu’obéir aveuglément au père mais il n’est coupable de rien. « Il ne peut pas être déclaré coupable, c’est le mouton de Panurge », plaide-t-il. Et de faire une démonstration censée convaincre la cour. « Pour être poursuivi, Nicolas Haby doit avoir un rôle actif mais il n’en a pas eu ».La diffusion de publicité mensongère ? Le fils aurait laissé faire sans concevoir ni distribuer lui-même les réclames litigieuses. Les fausses informations données aux salariés ? Le père tenait tout le monde sous sa coupe, son fils y compris. Nicolas Haby était, paraît-il, trop occupé par ses vols en montgolfière, matin et soir, pour avoir une quelconque prise sur les événements au sein de l’entreprise familiale… Il n’a rien fait pour éviter les escroqueries, certes. Mais, est-ce condamnable ?
Quant aux tarifs des vols, inférieurs à leur prix de revient, Me Kroell ne voit là que le résultat d’une mauvaise étude de rentabilité. « Une bonne idée n’a jamais fait une bonne entreprise », dit-il.
Si le fils n’est pas coupable et que la société a déposé le bilan, les victimes n’ont donc plus que les yeux pour pleurer… Pas sûr que ce raisonnement soit suivi par les juges. Décision le 4 juillet.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/24/escrocs-aux-vols-en-montgolfiere
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