jeudi 24 mai 2012

Paris : le commissaire était ivre au volant

De retour de congé, Dominique Dague, 49 ans, commissaire central de police du IVe arrondissement, est attendu aujourd’hui à son commissariat mais aussi par sa hiérarchie. Le « patron », qui dirige près de 250 hommes boulevard Bourdon (IVe) est dans le collimateur du parquet de et de l’IGS, la police des polices, pour deux affaires délicates. « Il va passer en conseil de discipline », indique une source proche de l’enquête.

Début mai, à 2 heures du matin, alors qu’il n’est pas en service, celui que ses collègues appellent le « commissaire fêtard », connu pour aimer le monde de la nuit, est interpellé par les hommes de la BAC de nuit de
(brigade anticriminalité). En plein IIIe arrondissement, l’homme, manifestement ivre, est en train de remonter une file de bus à bord d’une voiture de l’administration policière, en brûlant des feux rouges et en rabotant un rétroviseur au passage. Les policiers le soumettent à l’alcootest, lequel se révèle positif.

Audition de policiers prévue

Sur décision de la préfecture, l’homme n’est pas placé en garde à vue. Le parquet n’est pas saisi immédiatement. Et le commissaire, saoul et agité, est raccompagné en voiture à son domicile par des policiers. Ce n’est que le lendemain qu’un haut fonctionnaire insiste en préfecture pour que le parquet soit saisi, ainsi que l’IGS. Dans la foulée, Dominique Dague est conduit à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu pour une analyse de sang et des tests capillaires.

Les enquêteurs de l’IGS rapprochent cet embarrassant esclandre d’une première affaire… Le week-end du 15 août 2011, vers minuit, le même commissaire, qui n’est pas en service, a un accident avec une voiture de l’administration. Au pont d’Austerlitz, entre les XIIIe et Ve arrondissements, il renverse un cycliste. Au lieu d’appeler l’état-major, Dominique Dague fait venir les hommes de son commissariat pour l’alcootest. Les pompiers appelés vont, eux, transférer à l’hôpital le cycliste, qui souffre d’un traumatisme crânien.

« Déontologiquement, le commissaire n’avait pas à choisir ses policiers, reconnaît un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur sous couvert de l’anonymat. Il aurait dû avertir l’état-major de
qui aurait saisi la BAC de nuit de l’arrondissement compétente », en l’occurrence, soit celle du Ve, soit celle du XIIIe. Au bout du compte, le test d’alcoolémie réalisé par les policiers du IVe arrondissement se révélera… négatif. De son côté, la préfecture ne parle que d’un « accident corporel sur la voie publique ».

Mais les enquêteurs de l’IGS veulent en savoir plus. Ils vont auditionner les policiers que le commissaire a fait venir. D’après une source proche du dossier, les enquêteurs auraient également retrouvé la patronne du café fréquenté par le commissaire. Cette dernière aurait confirmé que ce soir-là, son client était parti en voiture, ivre, ce que la préfecture de police dément. Certains fonctionnaires crient à l’omertà.

En préfecture, on finit par lâcher « qu’il y a bien une enquête de l’IGS en cours » mais qu’il faut attendre « leurs conclusions ». Un haut fonctionnaire des services de l’Etat affirme « qu’il y aura bien des poursuites judiciaires et administratives. Et on verra bien, ajoute-t-il, si il y a lieu de le maintenir »
http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75003/le-commissaire-etait-ivre-au-volant-24-05-2012-2014539.php

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