vendredi 18 mai 2012

Haute-Saône : contrainte d'accoucher chez elle

Elle était attendue le 12 mai. Et s’il y a bien quelque chose qui est intervenu globalement comme prévu, c’est bien la date de naissance d’Elena. Laquelle est finalement arrivée avec trois jours d’avance sur le calendrier initialement avancé par le gynécologue. C’était le 9 mai à 14 h 38, à Montcey, sur le carrelage du salon de papa et maman. Mettant, dans cette petite commune de l’agglomération vésulienne, un terme à près d’un demi-siècle de disette en matière de naissances. Car, incontestablement, l’accouchement à domicile relève aujourd’hui d’un choix que peu se hasardent à faire.
En 2011, huit des 1.250 bébés passés par la maternité du CHI de Vesoul ont vu le jour en dehors de l’hôpital, dont trois dans le camion des pompiers. Soit une moyenne de 0,64 % contre 1 % au niveau national. Depuis le début de l’année, la petite Elena est le deuxième enfant à avoir poussé son premier cri dans des circonstances autres qu’au sein de la cellule hospitalière vésulienne. Le premier n’avait pas attendu l’arrivée des secours. Le second est né à son retour de… la maternité. Et c’est là que le bât blesse.
En ce tout début de journée du 9 mai, Laeticia Pretot parvient au CHI. Il est près d’1 h et ses contractions s‘avèrent espacées de 10 mn. Quatre heures plus tard, elles se font plus fortes et surtout plus rapides. « La sage-femme me laisse entendre qu’on ne me laissera pas rentrer chez moi ». Un avis d’autant plus sage, estime la patiente, que ses deux filles nées précédemment sont arrivées très vite. En fin de matinée, le monitoring fait état d’une courbe quasi stable. « Je ne comprends pas », renchérit Cyril, le papa, « des contractions, elle en avait toujours ». Pour l’équipe médicale, qui n’est plus celle de la nuit, la conclusion est celle-ci : il s’agit d’un « faux travail », notamment eu égard à l’ouverture du col. « On m’a dit de rentrer chez moi, que ce n’était pas pour maintenant », assure la maman. Au CHI, on affirme autre chose. Son départ peu avant midi, certes en accord avec la sage-femme, s’est effectué à sa demande. « Pourquoi aurai-je demandé à rentrer sachant que j’accouche vite ? J’ai même dû m’arrêter à plusieurs reprises en traversant le parking à cause des contractions ».
Elena naîtra peu après au domicile de chez ses parents, sans aucune assistance, en dehors de celle de son père, qui abandonna la conversation téléphonique avec l’urgentiste pour venir en aide à son épouse, et de sa grand-mère maternelle, Geneviève. Laquelle, vingt-cinq ans plus tôt, accouchait sa fille aînée dans des circonstances similaires. « J’ai moins paniqué que la première fois », avoue la grand-mère qui a assuré la prise en charge du bébé dès sa venue au monde dans l’attente des secours. « Je n’ai même pas eu le temps d’aller sur le canapé », raconte, encore sous le choc la maman, « j’ai eu très peur, surtout pour la petite, on imagine n’importe quoi ». Elle et son mari veulent savoir pourquoi on les a laissés rentrer chez eux. Du côté de l’établissement hospitalier, on leur a conseillé d’écrire au directeur, qui permettrait d’orienter le dossier vers un médecin médiateur dans la perspective éventuelle d’une confrontation avec la sage-femme dont la décision est aujourd’hui contestée par les parents.
Elena, quant à elle, 3,890 kg à la naissance, se porte comme un charme. Sa mère aussi. En dehors des interrogations qui la tourmentent…
http://www.estrepublicain.fr/haute-saone/2012/05/18/salon-de-la-naissance

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