À son âge, les jours de prison comptent double, il le sait. Il a accusé le coup en quittant les locaux de la PJ en direction du palais de justice, conscient qu’on risquait de ne pas lui pardonner ce coup-là.
Mardi dernier, à 63 ans, Gilbert Gabayet, dit Gab’ou le père Gab pour les intimes, a été mis en examen et écroué après la découverte d’un impressionnant arsenal, tout près de chez lui, à Tramoyes (Ain). À l’intérieur, une trentaine d’armes de tous calibres (voir notre édition du 27 mars). Pistolets, revolver, fusils, quelques Kalachnikov. Pas vraiment pour la chasse en Dombes. « Un truc de fou », siffle un enquêteur.
Des grenades et quelques kilos d’explosifs donnent au stock un parfum de grand banditisme. Sans compter quatre rutilantes berlines, dont deux BMX6, la présence de mallettes radio, idéales pour brouiller les ondes policières, donne à la PJ la furieuse impression d’un outillage utile à une attaque de centre fort ou de fourgon blindé. De mémoire policière, on n’avait plus vu ça depuis la découverte d’une estafette Renault bourrée de matériels, en août 1971 à Bourg-en-Bresse, révélant la puissance de feu du gang des Lyonnais. Pour le père Gab’aussi, le passé est revenu frapper à la porte de sa belle propriété de la Volière, située au milieu d’un parc de 16 hectares.
Dans le temps, on l’avait dit proche du clan Nivois, à l’époque agitée du milieu lyonnais. Trafic de voitures, proxénétisme, on lui prêtait un rôle actif parmi les beaux mecs des années soixante-dix et quatre-vingt. Son casier porte les traces de quelques entorses au règlement. Mais il n’était plus inquiété depuis belle lurette. Policiers et gendarmes n’ont jamais vraiment cessé de s’interroger sur son influence persistante dans le milieu, le vrai. Quand un règlement de compte finissait dans un bois du secteur, comme à la fin des années quatre-vingt-dix, les enquêteurs pensaient à lui. Les regards se tournaient encore vers lui lorsqu’un camion chargé de drogue se perdait dans le brouillard des Dombes, au début des années 2000. Victime de sa seule réputation, Gab’ n’était jamais retombé. Il avait repris une boîte de nuit, sur les bords de Saône, revendue avant de servir l’année dernière au décor du film sur le gang des Lyonnais. Encore un clin d’œil du passé. Avec cet arsenal planqué de l’autre côté de la route, les ennuis se conjuguent au présent. L’ancien carrossier s’était rangé des voitures, retiré en patriarche dans sa demeure au cachet de ferme rénovée, avec poutres au plafond élevé. Dans son parc, au milieu d’un étang, le père Gab a érigé sur une île une réplique de la statue de la Liberté. Pour éloigner le mauvais sort.
http://www.leprogres.fr/rhone/2012/04/03/les-serieux-ennuis-du-pere-gab-a-cause-d-un-arsenal-d-enfer
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