vendredi 27 avril 2012

Le sauvetage miraculeux d’un désespéré à 50 mètres de hauteur

Mardi, 23 heures. Un opérateur des pompiers est en ligne avec un jeune homme qui menace de sauter depuis une grue. Sans plus d’indications.
L’opérateur entend alors, dans le fond sonore, le bruit d’une sirène d’un véhicule. Il fait le rapprochement avec un équipage qui vient de quitter La Duchère pour une intervention à Vaise. Il contacte le chef du détachement : « Il faut que l’un d’entre vous parte à la recherche d’une grue dans le secteur. »
La mission revient au sergent Patrice Emery, 31 ans, originaire d’Irigny et professionnel depuis 2003. Cette grue, il finit par la trouver sur un chantier de la rue Saint-Simon. « J’ai vu un point blanc en haut. C’était son pantalon. Je ne devais assurer qu’une reconnaissance, mais j’ai tout de suite pris la décision de monter sans attendre les secours. J’ai mis le portable dans la poche en laissant le micro ouvert, pour que les collègues m’entendent, et j’ai pris l’escalier. Le suicidaire ne voulait pas que j’approche, mais petit à petit, j’ai pu atteindre la plate-forme. Il avait passé la rambarde de protection. Il était débout sur une plaque triangulaire de 15 centimètres carrés, au-dessus du vide, en se tenant d’un seul bras. »
Chez les pompiers, il n’y a pas de négociateur, ni de formation spécifique pour un tel scénario. « Je n’avais aucun autre moyen que la parole pour le tenir. Alors je lui ai tout le temps parlé en essayant de créer un lien, de comprendre ses problèmes. Il se sentait seul et avait eu une déception amoureuse. Je lui ai dit que nous pourrions appeler sa copine s’il descendait, que l’on allait trouver une solution. Je pouvais parfois le toucher, mais je ne pouvais rien faire tant qu’il n’était pas revenu sur la plate-forme. Sans compter qu’il y avait la nuit, le vent, la hauteur et le sentiment d’être seul au monde. »
En bas, des collègues ont mobilisé d’importants moyens de sauvetage, mais la décision a été prise de se regrouper discrètement à proximité des lieux. « Je ne les ai même pas vus. Eux continuaient de m’entendre grâce à mon téléphone et ont estimé qu’il ne valait mieux pas effrayer la personne », poursuit Patrice Emery. C’était encore une fois une sage et bonne décision.
Après une petite heure de négociations, le jeune homme âgé de 19 ans finit par revenir sur la plate-forme. « Cela a été d’abord un énorme soulagement, car il aurait pu tomber dix fois. La descente a été longue, même si l’échelle est sécurisée, et je me suis quand même mis derrière lui pour ne pas qu’il remonte. En bas, on s’est assis tous les deux sur un trottoir avant qu’il ne soit pris en charge par une ambulance. Là, toute l’adrénaline est retombée. J’étais heureux et soulagé. Si j’avais échoué, je l’aurais très mal vécu. »
http://www.leprogres.fr/rhone/2012/04/27/le-sauvetage-miraculeux-d-un-desespere-a-50-metres-de-hauteur

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