mardi 6 mars 2012

« Le bailleur est responsable de la mort de Jade »

Leur vie s’est arrêtée le 24 février. Ce jour-là, Jade, leur fillette de 2 ans, est décédée, écrasée par une porte palière blindée de 150 kg entreposée depuis sept semaines dans leur appartement du quartier Floréal à Saint-Denis. Celle-ci avait été laissée là provisoirement par les pompiers à la suite de l’incendie survenu le 8 janvier dans cette tour de 16 étages.

Effondrés, les parents de Jade ont porté plainte le 28 février. Ils dénoncent les négligences du bailleur, Plaine Commune Habitat, à l’origine selon eux de la
de leur « petit ange, une fillette pleine de vie et très éveillée ».
 Cette porte n’aurait jamais dû se trouver là, martèle Déborah. L’incendie a eu lieu le 8 janvier et, le 24 février, elle n’avait toujours pas été enlevée. Plaine Commune Habitat est responsable de la mort de notre fille. Il faut qu’ils s’expliquent. »

Ce terrible vendredi, Déborah était dans le salon quand elle a entendu un énorme boum. « Jade jouait avec son frère, qui a 5 ans, dans le couloir. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Ça a duré dix secondes… » Malgré l’intervention des pompiers et du Samu, la fillette devait décéder le soir même.

Depuis, Déborah et son mari se repassent en boucle les jours précédents. A plusieurs reprises, courant janvier, cette maman a tenté de joindre le bailleur pour qu’il les débarrasse de cette porte. « J’ai réussi, après plusieurs coups de fil, à contacter un technicien. Il m’a dit que nous devions la conserver pour les besoins de l’expertise. » Inquiet, son mari envisage de l’entreposer sur le palier. « Mais le bailleur nous a dit que c’était trop dangereux, qu’elle risquait de tomber. »

Le 23 février, la veille de l’accident, les parents de Jade cosignent avec les quatre autres locataires dont les appartements ont été sinistrés une lettre dans laquelle ils demandent la date des « réparations des encadrements des portes » et d’« installation des nouvelles portes palières ». Le courrier arrivera sur le bureau du bailleur le lendemain du drame.

Plaine Commune Habitat, qui a reçu à plusieurs reprises la famille de Jade, souhaite que toute la lumière soit faite sur cet accident. « Il faut que le droit parle, estime son
, Stéphane Peu. Les assurances nous demandent de conserver les portes pour les besoins des expertises. Nous aurions pu les conserver ailleurs. Mais l’habitude veut qu’elles soient stockées dans les logements. Jamais nous n’aurions pu imaginer un tel accident. » Afin d’éviter un autre drame, ce dernier a alerté l’Union sociale de l’habitat (USH) : « La plupart des offices HLM stockent les portes dans les appartements car il n’y avait jusque-là, à ma connaissance, jamais eu un accident de ce type. Il faut revoir nos procédures. » Terrassé par la tristesse, le papa de Jade lâche dans un souffle : « En , il faut un drame pour que l’on bouge. »
 

Aucun commentaire: