Après une nuit en garde à vue, celle qui racontait avoir été agressée se retrouve depuis hier accusée de dénonciation calomnieuse. L'épilogue s'écrira dans quelques mois au tribunal correctionnel.
AURÉLIE DAUVIN est ressortie libre, hier matin, du commissariat de Charleville-Mézières après avoir passé vingt-quatre heures en garde à vue.Victime supposée d'une agression survenue le 23 février, l'enseignante du lycée Sévigné, qui avait porté plainte dans la foulée, est désormais accusée de dénonciation calomnieuse.
La situation ne changera pas jusqu'à ce que le tribunal correctionnel juge l'affaire, probablement pas avant la fin de l'année au vu des délais habituellement recensés.
Officiellement, rien n'a filtré quant à la teneur des éléments accumulés par les policiers. Toutefois, à l'issue de la garde à vue, ces derniers se disaient désormais convaincus que la professeur de lettres avait inventé le récit de son agression. « Nous n'avons plus de doutes », résumait ainsi un enquêteur.
Les « contradictions persistantes » relevées dans les dépositions de Mme Dauvin n'auraient donc pas résisté au feu roulant des questions des policiers. Mercredi soir, l'un d'eux avait également justifié la prolongation de la garde à vue de Mme Dauvin, évoquant une « personnalité difficile ». Enfin, quelques épisodes retrouvés du passé de la plaignante - déjà mise en cause mais jamais poursuivie - auraient, semble-t-il, donné du grain à moudre aux enquêteurs.
Hier matin, plusieurs personnels du lycée Sévigné ont été invités par les policiers à retourner au commissariat pour tenter de clarifier « quelques détails ». Parmi eux, l'assistante de vie scolaire qui a, pour sa part, été directement confrontée à celle qu'elle épaulait depuis six ans au sein de l'établissement.
Dès les premières heures de l'enquête, les policiers étaient demeurés prudents quant à la véracité des faits dénoncés… et largement étonnés par la volonté de Mme Dauvin et son entourage de médiatiser ces derniers : différents journaux locaux et nationaux avaient ainsi été contactés et des photos de Mme Dauvin envoyés aux rédactions. « Une victime qui, le jour même, veut raconter à tout le monde ce qui lui serait arrivé, ça peut mettre la puce à l'oreille », résumait un proche du dossier.
Entre empathie naturelle et volonté de manipuler, la frontière peut être ténue : au-delà d'une histoire dont la morale reste à écrire, cette leçon reste valable pour les journalistes trop réactifs comme pour les internautes virulents reconvertis en procureurs des temps modernes. Insistons encore : présumée innocente, Aurélie Dauvin n'est, pour l'instant, coupable de rien.
Mercredi soir, un examen psychiatrique a également été effectué - pratique relativement fréquente pendant les gardes à vue - sur sa personne par un expert dépêché sur place. « C'est une affaire plus compliquée qu'il n'y paraît, soufflait-on encore du côté des policiers. Imaginer qu'elle ait pu mentir uniquement pour favoriser sa mutation à Nancy (où réside son compagnon, ndlr) n'a pas vraiment de sens. C'est encore compliqué de réussir à tout rationaliser ».
Au lycée Sévigné, la proviseure Danièle Andrey avait décidé de solliciter l'inspection d'académie pour trouver, « si possible dès la semaine prochaine », un remplaçant à son enseignante en lettres. « Dans tout ça, il y a aussi un aspect pédagogique et éducatif, une continuité du service public à assurer. Et des élèves qui ont le bac français dans peu de temps ! », rappelait-elle.http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/la-prof-aveugle-accusee-de-denonciation-calomnieuse
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