jeudi 22 mars 2012

Assassinat à Pamiers. "Personne ne s'est soucié de nous

Le père de Céline Bertrand, jeune mère tuée par son compagnon au mois de février à Pamiers, témoigne après le drame. Il estime avoir été mal pris en charge avec sa famille et veut faire changer les choses à l'avenir.
«Pas un courrier, pas un coup de téléphone de la police ou du tribunal, pas de prise en charge psychologique… », Patrick Bertrand, le malheureux papa de Céline Bertrand, jeune mère de 28 ans tuée à son domicile de Pamiers lors d'une dispute avec son compagnon qui lui portait deux coups de couteau fatals avant de prendre la fuite, dénonce sa douleur après le drame dont sa fille a été victime au mois de février.
Il choisit aujourd'hui de témoigner de son sentiment d'abandon face à la tragédie que lui et sa famille vivent, pour que la prise en charge des victimes évolue à l'avenir.
Ce n'est en effet que le lendemain du crime, aux alentours de 15 h 30, que Patrick Bertrand apprend indirectement le décès de sa fille. Il reçoit un texto d'une amie de la famille qui stipule « désolé pour ce qui est arrivé, tu peux compter sur nous ». Désolé pour quoi ? Patrick Bertrand téléphone à son amie pour en savoir plus… Ne se sentant pas la force de lui apprendre la nouvelle, elle lui conseille de se rendre au commissariat de Pamiers.

« Depuis ce samedi-là, plus de nouvelles »

« Là on m'a vaguement expliqué ce qu'il s'était passé… On m'a dit que ma petite fille avait été amenée dans un foyer vers 4 heures du matin, raconte Patrick Bertrand. Je suis alors rentré chez moi, sous le choc, tenant à peine debout… Lorsque j'ai annoncé le drame au reste de ma famille, tout le monde s'est écroulé. Je suis alors allé chercher ma petite fille au foyer. Et depuis ce samedi-là, plus de nouvelles d'aucun service, que ce soit la police, la justice, les services sociaux, des médecins… Rien ».
Voilà plus d'un mois que Patrick Bertrand et son épouse attendent un signe à leur domicile. « Je sais que ma fille est morte parce que des policiers me l'ont dit, mais je n'ai pas vu son corps, je n'ai pas reçu de certificat officiel de décès, je ne peux entreprendre aucune démarche administrative », précise le père. « Nous n'avons pas été pris en charge, ni moi, ni ma petite fille qui était tout de même sur la scène du crime. Je l'ai, de ma propre initiative, conduite chez notre médecin de famille pour qu'il l'ausculte. Je ne savais pas comment lui annoncer le décès de sa maman, j'étais désemparé… J'ai alors contacté un psychologue qui suit ma petite-fille depuis, mais personne nous a aidés dans nos démarches », déplore-t-il. Patrick Bertrand a tenté de se rendre au tribunal en charge de l'affaire, à Toulouse. « Le juge m'a éconduit, raconte-t-il. En fait, je trouve que le tueur a plus de droit que ma petite fille dans cette histoire et je me demande si c'est normal… ». C'est un soutient que Patrick Bertrand aurait apprécié, « car on ne sait jamais ce que l'on peut faire dans ces moments-là, j'aurais très bien pu devenir violent, mais personne ne s'en est inquiété ».
Comment envisager le deuil dans ces conditions ? « Le mal est fait et cela n'est rien à côté de la perte d'un enfant, je ne demande rien… Juste que les choses changent pour les autres familles à l'avenir ». Patrick Bertrand et sa famille sont en train de rédiger un blog sur Internet pour informer la population sur cette délicate question qu'est la prise en charge des victimes.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/22/1312209-personne-ne-s-est-soucie-de-nous.html

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