Quelques billets contre son indulgence. Un gendarme de 25 ans affecté à la brigade de Magny-en-Vexin est soupçonné d’avoir demandé de l’argent à des automobilistes lors de trois contrôles routiers. Le parquet de Pontoise a requis deux ans de prison avec sursis à son encontre mercredi, lors de l’audience du tribunal correctionnel, et surtout une interdiction définitive d’exercer une profession en lien avec la sécurité.
L’affaire débute le 15 juillet lorsqu’un motard franchit la ligne blanche pour dépasser un convoi agricole, à Charmont… sous les yeux d’un gendarme. La suite, le contrevenant la confiera à un ami pompier. Il explique que le militaire lui propose d’oublier la plupart des infractions relevées et lui demande 100 €. La somme grimpera à 150 € en echange d’un seul PV pour vitesse excessive, signé par le gendarme Nourdine B., ce qui permettra de le confondre.
Le prévenu conteste les faits
Mais le copain pompier connaît le commandant de la brigade de gendarmerie, qui alerte alors sa hiérarchie. Le dossier est pris au sérieux par le parquet de Pontoise qui charge la section de recherches de Versailles d’une enquête préliminaire. Un adjudant de la brigade de Magny fait alors le lien avec une conversation surprise dans un bar, quand un client assurait avoir « arrosé » un gendarme en août, lors d’un contrôle à Courdimanche. Le conducteur d’un véhicule épinglé pour défaut de contrôle technique aurait versé 30 € discrètement à Nourdine B. La SR a enfin retrouvé la trace d’une troisième victime qui expliqué avoir dû se délester de 40 € le 12 avril à La Chapelle-en-Vexin.
Convoqué devant la justice pour corruption passive, sollicitation d’avantage par une personne dépositaire de l’autorité publique ainsi que pour faux et usage de faux en écriture publique, le prévenu a contesté ces accusations. Il estime avoir été victime, sinon d’un complot de ses collègues, en tout cas d’un rejet de la brigade. « Il y a eu une logique d’exclusion dans un contexte d’extrême tension », assure son avocat, Me Zbili. Nourdine B. a d’ailleurs porté plainte pour propos discriminatoires quand un gendarme a parlé de sa « voiture d’Arabe » — des propos déplacés, mais une infraction non constituée pour le parquet — et harcèlement moral. L’avocat a plaidé la relaxe, regrettant l’absence d’information judiciaire « vu la gravité des réquisitions ». Il met aussi en cause l’enquête qui n’a pas entendu l’ensemble des militaires impliqués.
« Les gendarmes ne sont pas au-dessus des lois, insiste le colonel Patrick Henry, qui dirige le groupe de gendarmerie du Val-d’Oise. Le parquet de Pontoise considère à juste titre que ce sont des faits graves. S’ils sont avérés, c’est inacceptable. Les gens doivent pouvoir avoir une confiance aveugle en la gendarmerie. » Le tribunal rendra sa décision le 21 mars. En attendant, le prévenu est suspendu.http://www.leparisien.fr/charmont-95420/un-jeune-gendarme-accuse-de-corruption-03-02-2012-1843297.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire