LE fait de tirer sur quelqu'un signifie-t-il, nécessairement, que l'on veille le tuer ? C'est la question majeure qui va nourrir les réflexions de la cour d'Assises. Elle rend son verdict aujourd'hui pour la tentative de meurtre d'un policier, et pour des violences exercées sur trois autres fonctionnaires, dans la nuit du 14 au 15 janvier 2009 à Tergnier.
Cette interrogation n'est pas mince si l'on retient ce passage du rapport de l'expert en balistique. Il est cité avec jubilation par la défense : « Il est impossible de déterminer la position et la volonté du tireur. » Avec des spécialistes de ce genre, les certitudes sont interdites.
Hier soir, Me Contant, avocat des policiers, a exprimé les siennes : « Je n'ai aucun doute sur l'intention d'homicide. Jamais les policiers n'ont varié dans leurs déclarations. Avec aucune exagération. »
La nuit la plus horrible
Visés par une arme de chasse de calibre 16, ils ont failli mourir pour rien. Pas même pour un euro de butin. Juste pour des pièces de voiture qui n'ont pu être volées. C'est l'effroyable constat de cette virée miteuse à Tergnier : des vies valent moins que des boulons.
Les événements commencent au domicile d'un troisième larron, nullement inquiété. Son rôle semble pourtant essentiel. Interrogé, William Spitaels, qui vient de sortir de prison pour recel, en lien avec d'autres faits, se présente blanc comme neige.
Il s'exprime, d'ailleurs, avec la douceur d'un chanoine prêchant dans un pensionnat de jeunes filles. « Ils m'en veulent », dit-il à propos des accusés qui le désignent comme le commanditaire de l'expédition.
Hier, un témoin, est venu spontanément ruiner sa respectabilité en carton-pâte. « Les accusés ont volé pour lui. S'ils ne ramenaient rien, ils prenaient une branlée. » C'est, en tout cas, William Spitaels qui a fourni le fusil. En cas de besoin.
Ce matin-là, Éric Petit et John Duloquin se rendent à Tergnier, à bord d'une voiture volée dans l'Oise. Leur mission, selon eux, est de ramener un Renault Espace permettant de réparer l'automobile de William Spitaels. Éric Petit force le véhicule mais ne parvient pas à le démarrer sans clé. Décontracté, John Duloquin tient le fusil comme un faucheur qui se repose sur son outil. Son complice affirme tout ignorer de la présence de cette arme. Ensuite, lors de la poursuite avec les policiers dans deux véhicules, la scène emprunte beaucoup à la série noire.
John Duloquin se tient derrière le chauffeur. Par une vitre ouverte, il fait feu à plusieurs reprises. « Les policiers ont vécu la nuit la plus horrible de leur vie », souligne Me Contant.
Aujourd'hui, John Duloquin regrette : « Je pense que j'ai fait une connerie. Quand j'ai entendu les fonctionnaires témoigner, j'ai été déçu par mon comportement. » Son complice fait aussi profil bas : « Je comprends aussi la détresse des victimes. »
Des attitudes qui ne devraient pas infléchir l'avocat général, qui va requérir de lourdes peines.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/tirs-sur-des-policiers-a-tergnier-de-lourdes-peines-requises
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