samedi 18 février 2012

Monoxyde de carbone / Un homme de 90 ans entre la vie et la mort

Hier soir, le pronostic vital était clairement engagé pour un habitant de Gionges retrouvé inanimé à son domicile le matin même. L'intoxication au monoxyde de carbone ne fait aucun doute.

CELA faisait déjà quelques jours que les volets de la maison située au 29 rue de la Crolière à Gionges demeuraient désespérément fermés.
Dans cette petite commune de 148 habitants, installée sur le canton d'Avize, on connaît bien Robert Girardin. Vivant seul, cet homme de 90 ans est souvent décrit comme une personne peu liante, presque sauvage.
Pourtant, hier matin, inquiet de ne pas voir les volets de sa maison ouverts depuis quelques jours, Michel Anquet, le maire de Gionges alerte les secours.
Arrivés sur place vers 9 h 30, les pompiers de Vertus, sous la houlette du chef de groupe d'Epernay le major Godfroy, décident de forcer la porte pour pénétrer dans l'habitation. Ils sont suivis de près par le maire du village.
À l'intérieur, la température est particulièrement basse, le chauffage n'a visiblement pas fonctionné depuis longtemps. Rapidement, le corps inanimé de Robert Girardin est découvert. Le nonagénaire vit toujours mais il est inconscient. Depuis combien de temps ? Les secours sont dans l'impossibilité de le dire. L'équipe médicale du Smur est appelée sur les lieux, la victime est rapidement transportée vers le centre hospitalier dans un état préoccupant.
Hier soir, à l'heure où nous écrivons ces lignes, le pronostic vital du Giongeois était encore engagé.
De son côté Michel Anquet, victime de violents maux de tête, est également évacué vers l'hôpital pour de simples examens de routine. Il en ressort d'ailleurs en fin de matinée, avant de reprendre son activité professionnelle. Il ne fait aucun doute que Robert Girardin et Michel Anquet, dans une moindre mesure bien entendu, ont été victimes d'une intoxication au monoxyde de carbone.

Des détecteurs de monoxyde

« Après ventilation des lieux, le taux de monoxyde de carbone dans l'air était encore de 200 parties par million (ppm) », précise le lieutenant Humbert, commandant du centre de secours d'Epernay. Un fumeur dégage, lui, entre 5 à 10 ppm. « L'intoxication au monoxyde de carbone est souvent due au dysfonctionnement d'un appareil de chauffage ».
L'officier insiste sur le fait que les symptômes d'une intoxication sont particulièrement insidieux. « Il ne dégage aucune odeur et prend rapidement la place de l'oxygène dans le corps humain. La victime est d'abord sujette à des maux de tête frontaux très violents, à des nausées, et enfin à un évanouissement qui peut-être fatal. »
Dans le corps, le monoxyde est alors difficile à évacuer. « Lors de l'incident de la cuve à Mardeuil, le 9 septembre dernier, 1 000 ppm se dégageaient encore du haut de la cuve trente minutes après notre intervention. Ce jour-là, nous aurions pu avoir d'autres décès… »
Le lieutenant Humbert insiste particulièrement sur quelques consignes de sécurité à respecter. « Veiller au bon entretien des appareils de chauffage. Ne pas obstruer les systèmes de ventilation, et pourquoi pas s'équiper de détecteurs de monoxyde de carbone qu'il faudra impérativement placer près des zones de sommeil. Si la personne est déjà inconsciente, cela peut lui permettre de se réveiller. »
Si l'intoxication se révèle minime, comme pour le maire de Gionges, l'évacuation hors de l'organisme se fait au bout de quelques heures. En revanche, pour des empoisonnements plus importants, le recours à des caissons hyperbares s'avère indispensable. « Si l'état de santé de la victime de Gionges se stabilise, l'utilisation d'un tel matériel pourrait être nécessaire. » Dans ce cas-là, Robert Girardin devrait être évacué vers le CHU de Reims, là où se trouve le caisson hyperbare.
Hier matin, les gendarmes de la brigade d'Avize ont procédé aux constatations d'usage, mais la thèse de l'intoxication au monoxyde de carbone ne faisait plus aucun doute.

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/monoxyde-de-carbone-un-homme-de-90-ans-entre-la-vie-et-la-mort

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