Accusé de viols sur sa femme et leurs trois filles à Bruyères-et-Montbérault, Jean-Pierre Molet a avoué, hier soir, pour les faits concernant son épouse. Sans s'en rendre compte.
L'ACCUSÉ s'est longtemps accroché à sa version, le complot familial et son innocence proclamée. Une citadelle imprenable. Jean-Pierre Molet, un cuisinier de 52 ans, adopte alors le ton patelin d'un conférencier présentant à des futurs retraités les contours de leur nouvelle vie. Sa main large, décrite par sa famille comme la masse d'un bourreau, virevolte dans une danse gracieuse. Le ton est caressant. C'est presque un papa gâteau qui s'exprime. Mais avec lui, il n'y a jamais de miettes de tendresse.
« C'est très dur. Il ne s'est jamais rien passé. Je ne sais pas pourquoi elles ont porté ces accusations. Elles me font payer d'avoir été trop dur avec elles. J'ai été très violent. » Mais, selon lui, aucun geste déplacé, jamais de viol.
Son avocate, Me Cambier, multiplie les offensives. C'est un essaim d'abeilles en colère. Elle pique, repique, insiste sur des imprécisions, s'envole pour replonger sur des incohérences de dates.
Souffrance de victimes
La souffrance de la maman et de ses trois filles, âgées aujourd'hui de 32, 31 et 24 ans, ne fait pourtant pas de doute. Deux d'entre elles n'ont d'ailleurs jamais voulu porter plainte.
L'une d'elles, habitant le quartier Champagne, porte un large anorak et un pull très long. Seuls ses cheveux longs et châtains indiquent son sexe. Elle a rayé tout de la femme en elle. « Je ne sais pas faire l'amour toute nue », dit-elle. Jamais elle ne veut quitter sa cuirasse. Elle raconte les manèges odieux d'un papa trompant sa confiance de fillette âgée d'une dizaine d'années. Elle impressionne vraiment quand elle témoigne d'une vraie force de caractère. Elle regarde alors son père de ses yeux clairs et s'exclame « Je te pardonne. Un simple pardon de ta part me suffira. J'en ai besoin pour tourner la page. Je ne veux plus regarder en arrière ».
Face à cette sincérité, l'accusé ne vacille pas. Il nie encore et toujours.
Il jette même au feu cet album noirci par des cauchemars et conserve la même attitude face à une seconde offensive. Une autre de ses filles lui lance : « La meilleure chose qui me soit arrivée, c'est de m'être mariée et d'avoir changé de nom. » On la comprend quand elle décrit un pistolet placé sur sa tempe par son père pour assouvir ses pulsions.
Les positions des uns et des autres semblent bloquées.
Hier soir, les débats prennent soudain des contours surprenants. Cela commence par un simple rappel d'une déclaration de l'accusé.
Lors de son interpellation en mars 2009, il reconnaît « des rapports forcés » avec son épouse. Un caillou dans le jardin de l'innocence proclamée. Une autre de ses réponses est encore plus gênante. Une pierre glisse sur la pelouse. À un policier du commissariat de Laon, il a dit : « Oui, il y a eu des viols. J'ai pété les plombs, j'étais pas bien. »
Aujourd'hui, il indique : « Je ne savais plus ce que je disais. » Mais la présidente sait manier les rochers avec adresse. Elle lui rappelle une autre de ses explications. « Il m'est arrivé de faire l'amour à ma femme quand elle n'était pas d'accord. » Et là, à la surprise générale, il avoue : « Je reconnais, je savais pas que c'était un viol. »
Il se lève, regarde son épouse et s'effondre en pleurant. Elle se tourne vers lui et dit « j'accepte son pardon ».
Le verdict est attendu ce soir.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/laccuse-reconnait-des-viols-sur-sa-femme
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