mercredi 1 février 2012

Le culturiste était accro aux stéroïdes

Pour Jérôme Fernandez, jugé aux assises, les produits dopants le rendaient agressif. Et c'est, selon lui, l'une des raisons pour lesquelles il a poignardé son ex-amie.

Le champion de culturisme n'en a plus l'allure. En prison, Jérôme Fernandez a fondu. Il est passé de 88 à 72kg. Seule une partie de tatouage tribal sur son cou, que ne parvient pas à cacher le col de sa chemise, pourrait rappeler son passé, où l'apparence virile prenait une place prépondérante. L'accusé parle clairement et ne nie pas les faits qui lui sont reprochés. Tout l'enjeu du procès est de savoir s'il avait prémédité les quatre coups de couteau qu'il a assénés à son ex-concubine, le 24mai2009, dans une chambre de l'hôpital d'Amiens-Nord.

«Quand je suis entré pour la première fois, je n'avais pas l'intention de la tuer, mais de la reconquérir», dit-il. Selon lui, c'est une phrase prononcée par une infirmière, alors que la victime venait de l'éconduire, qui a déclenché sa «rage »: «Elle ne veut plus vous voir, vous pouvez dégager». «La deuxième fois que je suis entré, oui, c'était pour la tuer», admet l'accusé.

Pourquoi donc, si cette agression n'était pas préméditée, être entré dans l'hôpital armé d'un couteau? Selon ses explications, c'était au cas où il croisait la famille de la victime. La jeune femme venait d'être hospitalisée parce qu'il l'avait rouée de coups la veille en discothèque: «Quand je l'ai vu en présence de deux hommes, ça m'a mis dans un état que j'ai du mal à expliquer. J'ai pris cela pour une agression».

Le couple a duré quatre ans. Il venait de se séparer et «la situation n'était pas très claire», comme l'a dit un psychiatre. Censé être séparé, le couple entretenait encore des relations intimes de temps en temps. La semaine avant l'agression, la jeune femme assistait à un repas organisé dans la famille de Fernandez. «C'était la femme de ma vie», dit l'accusé.

L'homme soutient que l'une des explications de son passage à l'acte, outre sa jalousie, repose sur sa prise massive de stéroïdes anabolisants. Il en a pris pendant 10ans. Pour développer son corps dans un premier temps, puis comme drogue. «Cela me permettait de ne dormir que 4 heures par nuit pour le besoin de mon travail», dit-il. Et selon lui, la prise de ces produits le rendait agressif: «Il a fallu que je sois incarcéré, que j'arrête d'en prendre pour me rendre compte des effets que cela avait sur moi».

L'expert psychiatre ne croit pas aux effets des stéroïdes


«Je n'y crois pas véritablement», a dit hier un psychiatre. Son témoignage n'a pas aidé la défense. Car outre le fait qu'il mette en doute l'effet des stéroïdes favorisant un comportement agressif, il a rapporté la description de l'agression que lui avait faite Fernandez pour les besoins de l'expertise: «Je me suis rendu à l'hôpital pour tuer ma copine». Autrement dit, l'action était préméditée.

Me Stéphane Diboundje s'est employé à décrédibiliser l'expertise. Le médecin a refusé de dire combien de temps a duré son entretien avec l'accusé, a admis qu'il n'a pas lu les pièces du dossier auparavant, préférant travailler «sans filet». L'avocat remarque que Fernandez lui a dit qu'il avait été en couple pendant 4 mois et non 4ans. «On se dit qu'il a raconté des choses inexactes». Réponse du médecin: «Je ne suis pas instructeur ou enquêteur».
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Le-culturiste-etait-accro-aux-steroides

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