Les peintures ne sont pas les seuls trésors de la grotte Chauvet, à Vallon-Pont-d’Arc. Inventeurs et État se disputent le droit à l’image.
En peignant, il y a plus de trente-deux siècles, leurs fresques animalières sur les parois de la grotte Chauvet, en Ardèche, les artistes de l’époque n’imaginaient pas qu’un jour leurs créations vaudraient de l’or. C’est pourtant une bataille juridique autour d’un pactole qui se joue à la cour d’appel de Nîmes. Théoriquement, mardi, les magistrats doivent rendre leur délibéré pour dire si les trois inventeurs de la grotte Chauvet ont des droits sur le site. À moins que la décision ne soit reportée pour laisser du temps à la médiation en cours entre les deux parties.
400 000 visiteurs espérés
Le 18 décembre 1994, Jean-Marie Chauvet, Christian Hilaire et Eliette Brunel réalisaient la plus fabuleuse découverte au monde de peintures rupestres. Avec plus de 500 mètres de galeries recelant 425 dessins d’exception. Un fabuleux bestiaire, avec une maîtrise picturale comme l’estompe et la perspective qui font dire aux scientifiques que Chauvet est la naissance de l’art.
À partir de 2014, 400 000 visiteurs par an sont attendus à Vallon-Pont-d’Arc, avec tous les droits que peut générer la grotte Chauvet. Rien que sur le film documentaire tourné par Werner Herzog, ce sont déjà 4,9 M€ de recettes mondiales qui ont été générées, sans un centime pour les découvreurs. "Ce sont des sommes faramineuses qui sont en jeu", confie Me Sabatier, spécialiste du droit intellectuel qui défend les inventeurs. C’est aussi des droits à l’image, des royalties, des produits dérivés...
Trois procès en cours
Trois procès sont déjà en cours à Paris, pour la propriété des objets à l’intérieur de la grotte, pour le dépôt de la “marque” grotte Chauvet par le syndicat mixte et sur les droits accordés à la société américaine Tristar pour la vidéo de Werner Herzog.
Car depuis dix-sept ans, les trois découvreurs ardéchois n’ont pas touché un centime. Hormis 15 000 F (2 286 €) pour les dédommager de leurs frais de déplacement et de l’achat de quoi sécuriser le site dans l’urgence. Une somme dérisoire.
http://www.midilibre.fr/2012/02/25/bataille-juridique-autour-de-l-or-de-l-art-rupestre,462763.php
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