René Dubois pense qu’il va jouer au prochain Euro Millions. Après tout, une bonne étoile veille sur ce retraité noiséen. Elle a même un visage, celui d’Hakim Rekik, 39 ans, chef d’équipe de sécurité incendie au supermarché Cora, à Livry-Gargan. C’est sur ce parking que René s’est effondré, le 18 décembre, terrassé par un arrêt cardiaque
Sans la ténacité d’Hakim, il n’aurait peut-être plus passé Noël auprès de sa femme et de sa fille.
Dimanche dernier, René, qui a fêté ses 73 ans la veille, voulait faire quelques courses au supermarché, avec un bon cadeau de 30 € en poche. « J’aurais acheté quelques chocolats! » sourit-il. Mais, en descendant de voiture, il s’effondre. La suite, c’est Hakim qui la raconte. « Une cliente a prévenu l’accueil qu’un homme faisait un malaise », se souvient ce géant de 2 m, qui accourt. René est sur le ventre. Il a les yeux grands ouverts mais ne respire plus. Ses lèvres bleuissent. « Il était en arrêt cardiaque, j’ai demandé par radio un défibrillateur, qu’on appelle les pompiers, et je me suis mis à masser. » L’appareil est apporté par un collègue. Hakim installe les deux électrodes sur la poitrine de René, il sait les secondes comptées. Le défibrillateur annonce la couleur : un choc est nécessaire. Ce sera le seul.
Il rêvait d’être pompier « pour aider les gens »L’intervention d’Hakim est salutaire mais elle va continuer de longues minutes, jusqu’à l’arrivée des pompiers puis du Samu. Autour de lui, les clients s’agglutinent et crient. « J’entendais dire : Il va mourir… mais je restais concentré sur le massage, les insufflations et le bouche-à-bouche, lorsque le monsieur a commencé à faire des râles, puis il a de nouveau respiré ; j’étais aux anges. Sauver quelqu’un, il n’y a pas plus beau que ça », se souvient Hakim, les yeux brillants. Le Samu et les pompiers l’ont félicité. « J’ai fait entre sept et neuf minutes de massage », évalue le sauveteur.
Voilà huit ans que cet ancien basketteur professionnel s’est reconverti dans la sécurité incendie. Petit, il se rêvait pilote ou pompier, « pour aider les gens ». Cet habitant de Pantin est devenu pompier des magasins, aux Galeries Lafayette, à Paris, puis à Cora, à Livry-Gargan. Les bobos et les chutes, les crises d’épilepsie et même des tentatives de suicide rythment son quotidien d’ange gardien. Il a déjà porté assistance à une femme qui perdait les eaux et secouru un bébé au bord de l’étouffement.
Une rencontre est prévue entre René et Hakim. Le retraité est encore à l’hôpital de Montfermeil, où il s’est fait poser un défibrillateur interne pour réguler ses emballements de cœur. Mais il a déjà retrouvé sa repartie d’« emmerdeur » et peut même espérer rentrer chez lui ce week-end, pour déguster un « peu de homard avec un demi-verre de champagne »… Il réfléchit aussi à une idée de cadeau pour Hakim, son sauveur.
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