Le moindre bruit fait sursauter Sandra*. La fait se précipiter dans la chambre de ses deux enfants «pour vérifier que tout va bien» et serrer dans sa main le petit portable noir qui ne la quitte jamais. Cette jeune femme de 27 ans est considérée comme une « femme en très grand danger ». A ce titre, elle bénéficie depuis six mois du téléphone d’alerte dont elle s’est déjà servie trois fois. Jamais pour rien. Rencontrée dans une ville de Seine-Saint- Denis dont on taira le nom, le regard embrumé de souvenirs douloureux, elle évoque les coups et insultes infligés par ce lui qu’elle avait épousé. Peut-être un peu trop vite, sans avoir eu le temps de connaître vraiment ce « gentil garçon » rencontré dans un cybercafé de Seine-Saint-Denis il y a quatre ans. Seule et déracinée de sa Tunisie natale, déjà séparée du père de sa fille aînée, Sandra imaginait refaire sa vie. « Tout de suite après le mariage, il a commencé à me frapper. Pour rien, pour tout, c’était comme s’il m’avait caché son vrai visage. »
Elle a fui son mari violent
Giflée pour un mot de trop, interdite de sortie, Sandra découvre aussi que son mari veut la contraindre à un extrémisme religieux. « D’abord, il m’a obligée à mettre le voile, puis il voulait m’imposer une burqa, parlait même de prendre une deuxième femme ! » Enceinte, Sandra se sent prise au piège mais, combative, elle dépose des mains courantes, plusieurs plaintes. «Mais rien ne s’est passé. » Jusqu’à ce que, grâce à l’association SOS Femmes, elle puisse se mettre à l’abri dans un appartement. La première fois qu’elle s’est servie de son téléphone d’alerte, un homme était en train de tambouriner à sa porte de longues minutes. « J’ai appuyé sur la touche programmée et en quinze minutes la police est intervenue. La personne avait fui, mais sans cela, je ne sais pas ce qui serait arrivé. » Deux jours après, même scénario. « C’est important de savoir que le conseiller, à l’autre bout, comprend que c’est sérieux, que ce n’est pas juste une angoisse. » La troisième fois, c’était dans la rue, il y a quelques semaines. «Quelqu’un m’avait suivie depuis le marché. Je suis sûre maintenant que c’est lui qui envoie des gens. » Avant la fin de l’année, le mari de Sandra doit passer au tribunal pour l’un de ses épisodes de violences.
* Le prénom a été changé.http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/en-quinze-minutes-la-police-est-intervenue-21-11-2011-1731002.php
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