Pendant une dizaine d'années, ce grand-père a abusé de trois de ses petits-enfants. Des enfants pleins d'innocence, âgés de 6, 11 et 14 ans, qu'il a brisés à jamais. Mardi soir, après une longue et pénible audience, l'homme, âgé de 71 ans, a été condamné à 2 ans de prison ferme. Un mandat de dépôt a été décerné à la barre.
«JE regrette. » Ses regrets n'ont pas convaincu. « L'individu », c'est ainsi que ses petits-enfants l'appellent désormais, ne pouvait pas convaincre. Armand, un Rémois de 71 ans, un homme qui affiche une image humaniste et intègre, un homme qui travaillait bénévolement au sein du Secours catholique, s'est posé en victime.
Ce petit homme bedonnant, au crâne dégarni, vêtu d'un jean et d'une doudoune marron qu'il n'a pas enlevée, casquette à la main, n'aurait jamais touché ses petits-enfants… si ces derniers ne l'avaient pas « provoqué ». Il n'aurait d'ailleurs eu que des petits-enfants « pervers » et « dépravés » qui n'en voulaient qu'à son sexe. « Les gamins devaient savoir que j'étais faible »…
Les faits sont choquants, les propos donnent envie de vomir… Dans la salle, sa famille, ses filles, ses gendres, ses victimes peinent à contenir leur colère. Le désir de vengeance est omniprésent. Ils ne s'en cachent pas. Mais ses petites victimes, à peine majeures aujourd'hui, sont là, dignes… Elles n'ont pas souhaité de huis clos. Elles veulent que les choses soient dites. Elles veulent que le grand-père « paye » pour les horreurs qu'il leur a infligées.
« Il nous a salis. Il nous a détruits physiquement et moralement. » Tour à tour, ses petits-enfants vont venir à la barre et décrire des faits abominables, évoquer « ce mal qui les ronge », ce sentiment de « culpabilité » de n'avoir pas… osé parler.
Trois victimes sur neuf petits-enfants
Benjamin (*) avait 6 ans la première fois. Son grand-père, en peignoir dans la salle de bain, s'est masturbé devant lui, l'a masturbé et l'a forcé à lui faire une fellation… Les faits se sont inlassablement répétés, à chaque visite du petit-fils, au moins une fois par mois… de 1998 à 2005. Benjamin est brisé. Le risque d'effondrement du jeune homme n'est pas exclu… C'est lui qui a osé parler le premier. C'était en 2009. Le jeune homme, un garçon fugueur, perturbé, a fini par crier sa rage…
Il n'était malheureusement pas la seule victime du grand-père pédophile.
Angélique, sa grande sœur, avait 11 ans lorsque le papy lui a montré comment une femme se touchait. Elle était en 6e… Il va se masturber devant elle, la forcer à regarder des images pornographiques, lui prendre la main et la contraindre à se toucher elle-même… Il voulait l'initier… De 1997 à 2000, Angélique va ainsi subir les assauts de son grand-père, sans jamais en parler à sa mère. Aujourd'hui, c'est une jeune fille au sentiment de culpabilité exacerbée qui fait face à son bourreau. Si seulement elle avait parlé… Jamais son frère, jamais son cousin n'auraient eu à subir ce qu'ils ont subi. Mais voilà, le grand-père est machiavélique et fait croire à la jeune fille qu'en parlant, elle va détruire sa famille.
Nathan, le cousin, lui, avait 14 ans… C'était en 2008, il allait passer un après-midi « normal » chez son grand-père. Ce dernier va le contraindre à une fellation. Il dira que son petit-fils l'a provoqué. Des propos insoutenables pour les victimes…
Ont-elles d'ailleurs été les seules victimes du grand-père ? Ses petits-enfants assureront que non, qu'il y aurait eu d'autres abus. Son avocate affirmera que tout le monde, dans la famille y compris dans le quartier où il réside, a été entendu. Il n'y aurait pas d'autres victimes du papy pervers. Armand est père de trois filles et grand-père de neuf petits-enfants.
Mardi, il était bien seul à la barre… Depuis que l'affaire a éclaté, le vide a été fait autour de lui. Sur les bancs, une famille nombreuse, unie dans une même douleur, lui fait face et peine à contenir sa colère face à un homme qui ne semble pas prendre conscience de ses actes.
Il était minuit lorsque le délibéré est tombé. Armand a été condamné à 5 ans d'emprisonnement dont 3 ans avec sursis et mise à l'épreuve, une condamnation assortie d'une obligation de soins et d'une inscription au fichier des délinquants sexuels. Interdiction lui a été faite d'entrer en relation avec des mineurs. Un mandat de dépôt a été décerné à son encontre à la barre. Le grand-père pédophile n'est pas rentré chez lui. Il a pris directement le chemin de la prison.
A l'annonce de la condamnation, la maman d'une des victimes et fille de l'accusé, a fait un malaise. Il n'est pas aisé de se réjouir de l'enfermement d'un homme âgé quand bien même il n'a jamais joué le rôle d'un père ou d'un grand-père.
(*) Les prénoms des victimes ont été modifiés.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/deux-ans-ferme-pour-le-grand-pere-pedophile
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