En juillet 2010, la mère d’un conducteur sans permis avait expliqué qu’elle était au volant. La persévérance des gendarmes a permis de le confondre.
Cette décision du tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse fera-t-elle réfléchir les fous du volant que les gendarmes interpellent par dizaines tous les week-ends ? On peut en douter tant le sentiment de toute puissance des chauffards est malheureusement souvent plus fort que la crainte de tuer un innocent au détour d’un virage.
Jérôme, 34 ans, est mort dans des conditions atroces, le 9 juillet 2010 à 22 heures, sans même avoir le temps de voir venir le bolide qui a fondu sur sa Fiat Punto, au croisement d’une départementale de Saint-Didier-sur-Chalaronne.
Il n’y avait aucune visibilité pour le conducteur de l’Opel Astra, la route comportant une butte à cet endroit-là. C’est pour cela que la vitesse était limitée à 70 km/h. Mais Damien Crance roulait à 120 ou 130 km/h selon ses propres aveux. Il voulait faire voir à un copain, avec qui il venait de boire l’apéro, ce que son bolide « avait dans le ventre. » « Tu conduis comme une mamie », venait-il de reprocher à ce copain qui avait la curieuse idée de respecter les limitations de vitesse. Après le drame, Damien Crance n’avait pas appelé les secours. Il s’était précipité chez lui, à 500 mètres de là, et il était revenu avec sa mère qui avait endossé la responsabilité de l’accident. Et on avait demandé au copain passager « de faire comme s’il n’était pas là ». L’affaire avait été classée sans suite. Et il aura fallu la persévérance des gendarmes, convaincus que quelque chose clochait, pour que la vérité éclate en octobre dernier. Confondu par l‘enquête, Damien Crance a fini par avouer, en garde à vue, qu’il avait menti puis fait une fausse déclaration à l’assurance.
Jugé avec sa mère, hier, ce garçon de 21 ans a expliqué qu’il avait paniqué. « Je savais que le conducteur était mort et j’avais peur d’aller en prison », s’est justifié Damien Crance, qui n’avait plus de permis depuis une condamnation deux mois auparavant pour conduite en état d’ivresse. Le jeune homme a exprimé des regrets un peu convenus à la barre, d’une voix à peine audible. « C’est moi qui lui ai proposé, j’ai pas réfléchi », s’est excusée sa mère. « Il n’a pensé qu’à sauver sa peau », s’est insurgée M e Giraud, l’avocate de la mère de la victime. « Un accident peut arriver à tout le monde, mais quand on conduit sans permis, qu’on a bu, qu’on roule à vitesse excessive et sans visibilité, ça fait beaucoup de décisions qui rendent cet homicide involontaire non accidentel », a constaté la substitut Charlotte Millon, qui a requis une peine « particulièrement sévère », quatre ans de prison dont un avec sursis, avec mandat de dépôt.
La mère, qui a agi avec « l’instinct de protéger son petit », selon son avocate M e Rousseau, a été condamnée à un an de prison avec sursis.
Damien Crance, lui, « n’a pas eu le courage de prendre ses responsabilités mais ce n’est pas une forte tête qui se moque de la justice. Il n’avait pas échafaudé froidement un plan, mais le piège du mensonge s’est refermé sur lui et sa mère », a plaidé M e Camacho. Il a écopé de trois ans de prison dont deux avec sursis. Il a été écroué.
http://www.leprogres.fr/ain/2011/11/18/il-cause-un-accident-mortel-sa-mere-prend-sa-place-trois-ans-de-prison
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