La trafic SNCF était fortement perturbé, jeudi en fin d'après-midi, à la suite de l'agression dont a été victime un employé. Dans la matinée, un train a dû être immobilisé à Clerval (Doubs), à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Besançon, après qu'un contrôleur a été poignardé à huit reprises par un voyageur. L'agression s'est produite vers 10h30 dans le train Corail 4310 reliant Lyon à Strasbourg. Le contrôleur agressé, Bernard Mortelier, un Strasbourgeois âgé de 54 ans, a été médicalisé sur place avant d’être transporté par hélicoptère vers le Centre hospitalier régional et universitaire de Besançon. Son état, d'abord décrit comme stable, s'est aggravé en fin d'après-midi, où il se trouvait entre la vie et la mort selon la SNCF. Son agresseur, un homme âgé de 30 ans, a été maîtrisé par des collègues de la victime, puis remis aux gendarmes en gare de Clerval (Doubs), et placé en garde à vue.
L'homme dormait quand deux contrôleurs du train Corail 4313 ont tenté de vérifier son billet. S'étant réveillé, il est devenu très agressif, insultant d'autres passagers et les contrôleurs. Ces derniers ont quitté le wagon pour prévenir la police ferroviaire. Lorsqu'ils sont revenus, l'homme «s'était entaillé le ou les bras», a relaté la porte-parole de la SNCF. L'un des agents est alors ressorti pour prévenir les secours. Lorsqu'il est revenu, son collègue était blessé.
L'agresseur pourrait souffrir de problèmes psychiatriques. Selon une source proche de l'enquête, il n'avait pas encore été formellement identifié jeudi soir, mais portait sur lui une carte bancaire au nom d'un homme de 27 ans originaire de Mulhouse, déjà condamné à quatre reprises pour des violences et des outrages.
Le droit de retrait exercé dans quatre régions
A la suite de cet incident, les voyageurs font face à de fortes perturbations sur l'ensemble du réseau et la SNCF conseillait aux usagers de différer leur voyage. De nombreux contrôleurs, annonce-t-elle, «ont arrêté spontanément le travail. Ce "dépôt de sac" va provoquer une réduction significative des services assurés aujourd'hui et donc de très fortes perturbations du trafic». Les perturbations affectent les TER et les TGV, mais ne concernent pas l'Ile-de-France
Dans la région PACA, Joël Nodin, délégué Sud-Rail, annonçait que «pratiquement 100% des contrôleurs», soit 630 personnes, ont commencé à faire jouer leur droit de retrait à 15 heures à l'appel des syndicats CGT, UNSA et SUD-Rail. Confirmation à la direction régionale de la SNCF, où l'on estimait que «99%» des contrôleurs étaient concernés par ce droit de retrait. «On essaie de donner la priorité aux TER, afin que les usagers qui sont venus travailler à Marseille puissent rentrer chez eux», en faisant partir un train par heure et par axe important, ajoutait la direction régionale, sans pouvoir préciser quelle était la situation du trafic TGV.
En Aquitaine/Poitou-Charente, 150 contrôleurs ont fait valoir leur droit de retrait, selon le responsable syndical CGT Contrôleurs de la région. Les TGV et les TER seront naturellement les plus touchés, certains trains pouvant toutefois circuler sans contrôleurs, par exemple sur la ligne Bordeaux-Arcachon, a-t-il expliqué.
En Alsace et dans le Territoire de Belfort, «80% des trains, TER et TGV, sont supprimés ce soir et nous attendons également de très fortes perturbations demain (vendredi)», indique la direction régionale de la SNCF.
En Lorraine, ce sont environ 70% des trains, dont les TGV, qui sont bloqués, selon la police. La circulation se fait également a minima sur le principal axe régional, entre le Luxembourg et Nancy. Selon les syndicats, le «mouvement spontané de solidarité» avec le contrôleur agressé doit durer jusqu'à 14 heures vendredi.
Les contrôleurs des régions Auvergne et Bourgogne, ainsi que de l'établissement Lyon-Valence-Saint-Etienne, en Rhône-Alpes, ont également décidé de faire valoir leur droit de retrait.
A Paris, gare de Lyon, à 18h00, un seul TGV était annoncé avec un retard de 30 minutes. Tous les autres étaient annoncés à l'heure, a constaté un journaliste de l'AFP.
«L'émotion est très forte et donc le mouvement est général», expliquait un porte-parole du groupe, précisant que des perturbations dans une région peuvent affecter le trafic dans six autres.
Deux précédents seulement en douze ans
La SNCF a indiqué plus tôt dans la journée que «les clients et le deuxième contrôleur choqués par l’agression ont été orientés vers une cellule de prise en charge psychologique». Son président Guillaume Pepy a condamné dans un communiqué cet «acte odieux», exprimant «son indignation face à cette grave agression». Il s'est rendu à Besançon dans l'après-midi.
La Fédération CGT des cheminots a dénoncé une «période où les seuls objectifs financiers poussent à la déshumanisation des gares et des trains», tandis que la CFDT cheminots évoquait une «dérive sociétale», estimant que les agents sont confrontés quotidiennement «à des actes agressifs et d'incivilité».
Nathalie Kosciusko-Morizet et Thierry Mariani, ministres de l'Ecologie, du Développement durable et des Transports, ont aussi fait part de leur soutien à la victime, à ses proches et aux «11.000 contrôleurs qui exercent leur métier dans les trains, parfois dans des conditions difficiles». Le PS a demandé au gouvernement «d'agir d'urgence pour la sécurité dans les transports».
On ne relève ces dernières années que deux agressions de ce type. En juillet 2004, un contrôleur avait été grièvement blessé par un voyageur sans billet qui lui avait porté un coup de couteau à la nuque à bord d'un TER à Metz. En février 1999, un autre contrôleur avait été blessé à une main par un coup de couteau à Chalon-sur-Saône.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire