Que serait-il en effet advenu si Mohamed n’était pas intervenu ?
« Je suis allé à la Poste pour payer le loyer », explique ce père de quatre enfants. « J’étais à l’accueil, il y avait une douzaine de clients, et j’ai vu cet homme entrer, avec un pistolet à la main. Il a menacé la guichetière puis, à un moment, il a tiré dans le plafond ». N’écoutant que son courage, Mohamed a saisi, d’une main, le bras qui pointait l’arme et, de l’autre, a violemment attrapé l’agresseur au niveau du cou et l’a fait chuter en arrière. Il l’a ensuite désarmé.
« Sur le moment, je n’ai pas eu peur », poursuit l’auteur de ce véritable acte de bravoure. « En fait, je pense que je ne me suis pas rendu compte de ce que je faisais… ».
Jugé en comparution immédiate, Louis, 62 ans, qui habite au Haut-du-Lièvre depuis 20 ans, n’adresse pas le moindre regard à celui qui l’a interpellé. Le sexagénaire s’est fâché pour un obscur « problème administratif », dixit le président du tribunal, et il a quitté l’agence en lâchant qu’il allait « revenir avec un flingue ».
« Je n’arrive pas à expliquer pourquoi j’ai fait ça » glisse le prévenu qui demande un délai pour préparer sa défense. L’homme - fait rarissime en comparution immédiate - a un casier judiciaire vierge. Il est aussi « prêt à aller voir un psy ». Celui qui l’a examiné en garde à vue a apparemment conclu à une altération du discernement. Louis n’en disconvient pas : il a actuellement quelques menus soucis psychologiques. « Oui. Depuis deux ou trois mois, je sentais bien que ça n’allait pas. Je commençais à parler aux murs… ».
Le procureur requiert le placement en détention pour ces « violences commises en préméditation », qui ont « causé un trouble à l’ordre public ».
« Mon client est bien conscient du traumatisme qu’il a causé », souligne Me Lemonnier qui plaide pour un placement sous contrôle judiciaire en attendant l’audience programmée le 14 novembre. « Il a une sœur qui peut l’héberger à Lunéville et il suffit aussi de lui interdire de se présent à La Poste au Haut-du-Lièvre ».
Le tribunal suit les réquisitions.
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