Deux ans plus tard, elle s’est éteinte, alors que rien ne laissait présager une fin rapide. « Durant les derniers jours qui ont précédé sa mort, elle n’allait pas très bien. Elle se plaignait de maux de gorge », rapporte sa fille Colette, qui lui rendait visite tous les après-midis. Elle n’aurait rien soupçonné et aurait porté son deuil en silence si n’avait été le constat dressé par un médecin des urgences de l’hôpital où la vieille dame avait été transportée à bout de forces : « Votre maman est décédée des suites d’une déshydratation ! » Cette révélation a eu l’effet d’un coup de massue sur Colette : « On aurait dû la perfuser ! Il aurait suffi de la perfuser pour qu’elle soit encore en vie ! », s’indigne l’orpheline, qui s’est aussitôt mise en quête d’explications.
« On met en doute le certificat du médecin urgentiste »
Mais ni le médecin, ni la direction l’établissement où était hébergée sa maman, ni l’autorité de tutelle n’ont été en mesure de lui en fournir. « Pire que ça, on ne me croit pas. On met en doute le certificat du médecin urgentiste », s’insurge Colette, qui s’est finalement résolue à recourir aux services d’un avocat : « Mon avocat a adressé des courriers à toutes les personnes susceptibles de nous éclairer sur les circonstances du décès de ma maman. En vain. Elle a eu beau préciser qu’on ne cherchait pas à battre monnaie, qu’on ne réclame rien d’autre que des explications, rien n’y fait : c’est le silence. Et c’est insupportable », témoigne Colette, qui, en désespoir de cause, nous a sollicités. « Je ne veux pas faire un procès contre cet établissement. Ce n’est pas le genre de la maison. D’ailleurs, maman n’aurait pas aimé qu’on parle de tout ça. Mais ça me soulage d’en parler. Et surtout, j’aimerais attirer l’attention sur ce grave problème de la déshydratation des personnes âgées ».Colette évoque l’épisode dramatique de la canicule de l’été 2003, avec sa cohorte de 15.000 morts qui avait ébranlé la France entière.
« Je pensais que tout le monde, surtout dans le milieu soignant, faisait tout aujourd’hui pour éviter que pareil drame ne se reproduise. Mais j’ai constaté que l’on continue ici ou là à ignorer ce sérieux problème pourtant bien connu : les personnes âgées perdent la sensation de la soif. C’est pourquoi il faut leur proposer régulièrement à boire. C’est vital pour elles. »
Colette pourrait parler pendant des heures sans étancher sa soif de comprendre comment on a pu laisser sa maman mourir aussi bêtement. « Surtout, écrivez bien que ce n’est pas seulement quand il fait chaud qu’il faut proposer à boire aux aînés, mais tout le temps. La preuve, maman est morte de déshydratation au mois de novembre ! ».
http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2015/05/26/pays-de-montbeliard-apres-le-deces-de-sa-mere-des-suites-de-deshydratation-en-maison-de-retraite-sa-fille-cherche-des-explications
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