Harcèlement scolaire : la colère d'une mère
Stéphanie est bouleversée, bouleversée et en colère. Sa fille qu'elle adore, dont elle est très proche, a quitté le foyer, scolarisée ailleurs, loin de Castelnaudary à sa demande. Et elle lui manque ! La chambre vide lui arrache des larmes, des larmes qu'elle a cachées à Lalie, sa fille. Depuis plusieurs semaines, Lalie n'allait pas bien. «Tantôt agressive, souvent triste, elle fuyait notre regard. Elle m'a même demandé de changer d'établissement scolaire sans vouloir toutefois m'en donner les raisons». Stéphanie lui demande d'attendre un peu, pensant que l'adaptation à Jean-Durand, son nouveau lycée, était difficile. «Et pourtant, c'est une très bonne élève», confie la maman de cette belle brunette. Cette situation a perduré pendant deux mois et demi. Les notes s'en ressentent, pis Lalie est malade, réellement malade, tant elle somatise. Antibiotiques, cortisone lui sont même prescrits par le médecin jusqu'au jour où, à force d'insister, Lalie avoue être en butte à des insultes quotidiennes au lycée mais également sur les réseaux sociaux. Lalie montre à sa mère une vidéo où l'on entend nettement fuser des insultes toutes plus horribles les unes que les autres. Mais elle refuse pourtant que sa mère intervienne… «Je vais gérer toute seule», affirme-t-elle. Peu à peu, Lalie perd sa joie de vivre, se renferme de plus en plus jusqu'à ce que la décision s'impose de partir. Et Stéphanie de dire sa colère ! «Je trouve aberrant de s'offusquer quand on parle de harcèlement et de n'être pas responsable de ses enfants, des enfants qui peuvent être victimes et bourreau ! L'école est là pour l'instruction mais l'éducation, c'est l'affaire des parents». Des parents qui ont refusé toute discussion, explique-t-elle, puisqu'ils ont coupé court : «Ce sont des histoires d'enfants. Qu'ils se débrouillent entre eux». «Justement non, s'agace-t-elle. On est en 2015 et avec les réseaux sociaux, la plus petite histoire entre enfants prend des dimensions démesurées».
«Ces choses-là n'arrivent pas qu'à la télé»
Les choses ne s'arrangent pas quand arrive au lycée une élève qui l'année précédente avait frappé Lalie et s'était vu, pour cela, infliger un rappel à la loi. «Tu aurais dû la défoncer au moins tu aurais été punie pour quelque chose», avaient alors dit les parents de la jeune agresseur. «Comment peut-on dire des choses comme cela à son enfant ? Ce sont les parents qui devraient être punis. On attend quoi ? Qu'un jeune se suicide ? Il faut que les gens de Castelnaudary se réveillent, il n'y a pas qu'à la télé que l'on entend ces choses-là. Les enseignants, les pouvoirs publics font ce qu'ils peuvent mais en aucun cas ils ne peuvent prendre la place des parents. C'est à eux d'expliquer à leurs enfants où est le bien et où est le mal. Ils doivent dialoguer avec leurs enfants. Je pense que ces gamines sont dans l'exagération parce qu'elles ont des problèmes. Attention, il y a danger des deux côtés : du côté des bourreaux comme des victimes».
Aujourd'hui, Lalie a rebondi et retrouve sa joie de vivre. «Je l'ai tous les jours au téléphone, elle est contente. Il y avait bien longtemps que je ne l'avais pas vue comme ça». Mais sans elle, pour Stéphanie, la maison est bien vide. Et encore… «Vous vous rendez compte que si je n'avais pas été aussi proche d'elle, aujourd'hui, elle ne serait peut-être plus là».
http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/14/2066410-harcelement-la-colere-d-une-mere.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire