vendredi 13 février 2015

Valentigney : la brigade antiterroriste interpelle un lycéen

Mardi 6 h du matin. Des enquêteurs de la brigade antiterroriste de Paris déboulent dans le quartier des Buis, à Valentigney (N.D.L.R : quelques heures avant une visite médiatisée du sous-préfet). Les policiers sont là pour interpeller un lycéen de 19 ans, prénommé Amine, soupçonné d’avoir envoyé plusieurs mails faisant l’apologie du terrorisme et faisant aussi l’objet de menaces de mort à l’encontre de deux personnes identifiées.
La première est le consul général d’Israël, à Marseille. La seconde n’est autre que le député UDI des Français de l’étranger, Meyer Habib. Le Franco-Israélien avait notamment réagi le jour des attentats à Charlie Hebdo. Dans un communiqué, il écrivait : « Après avoir pris douze vies ce matin, les islamistes armés ont proclamé : « On a tué Charlie Hebdo ». Demain, si l’importation du conflit israélo-palestinien continue d’être favorisé en France par des textes comme celui de la résolution de reconnaissance unilatérale de la Palestine et si les mesures législatives contre le terrorisme ne sont pas plus téméraires, ils crieront « On a tué la France ». La responsabilité des membres de l’Assemblée nationale sera alors pleinement engagée ».
Le père : « Mon fils est malade. Il passe son temps entre l’école et l’hôpital »
Une prise de position qui semble avoir excité une certaine forme de fanatisme. Et décuplé la haine antisémite du jeune Boroillot qui a été transporté dans les locaux de la police judiciaire de Besançon où il a été entendu durant près de trois jours. Hier matin, il a été présenté au procureur de Montbéliard qui a requis son placement sous contrôle judiciaire en attendant son jugement en correctionnel.
Dans le hall du palais de justice de la cité des Princes, une partie de la famille du mis en cause était là. « Mon fils est malade. Il passe son temps entre l’école et l’hôpital », lâche le père. « On est abasourdi », complète un autre fils. « On croyait que ce n’était qu’à la télé ces histoires-là », prolonge une sœur qui évoque une crise cardiaque, l’été dernier, qui aurait eu pour conséquence de changer le caractère de son petit frère, antépénultième d’une fratrie de six enfants. Une famille qui assure « n’avoir jamais eu de problème avec la justice ».
Me Bérengère Chenin, l’avocate bisontine qui a assisté le mis en cause, durant sa garde à vue, avoue que ce dernier est perturbé. Qu’il a beaucoup lu ces derniers temps, toute une littérature en lien avec le djihad et Al-Qaïda. « Il s’interroge. Maintenant, il se trouve aussi à une période de la vie où l’on est beaucoup dans la provocation », note-t-elle. Serait-ce donc cela et rien que cela ? Une crise d’adolescence à retardement ?

Jugement le 2 avril à 14 h

Sauf que dans le contexte actuel, à l’aune des événements qui ont endeuillé le pays et face aux courants qui semblent dangereusement mettre à mal la sécurité intérieure, des dispositions visent à réagir immédiatement. D’où cette affaire pilotée, à l’origine, par le parquet de Paris et conduite par la brigade antiterroriste.
Le président Lévêque, en sa qualité de juge délégué, a notifié les obligations du contrôle judiciaire auquel est assujetti le jeune majeur. Il comparaîtra donc libre, le 2 avril prochain à 14 h devant le tribunal de Montbéliard.
Après l’affaire Soukaïna, la Bethoncourtoise de 15 ans partie faire le djihad, c’est le deuxième retentissement du genre dans le Pays de Montbéliard Une deuxième affaire mettant en exergue des sensibilités plus qu’affichées pour un intégrisme religieux prônant le terrorisme.
« Moi, ça me hérisse le poil. Mon dieu, comment peut-on véhiculer de telles idées. Je condamne de tout mon être », déclare Philippe Gautier, le maire de Valentigney, qui dit ne pas ressentir ces mentalités frelatées couvant dans sa cité. Mais c’est peut-être justement de là que vient le danger…
Il était un peu plus de 10 h, hier, lorsque le prénommé Amine, emmitouflé dans un anorak bleu, a quitté la cité judiciaire, entouré de ses proches.
http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2015/02/12/valentigney-un-lyceen-interpelle-par-la-brigade-antiterroriste

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