Depuis la porte de «La Cantine du Busca», la patronne termine sa cigarette d'après-service, un œil sur les policiers. De l'autre côté de la rue, à l'angle de l'avenue Victor-Segoffin et de la place du Busca à Toulouse, les policiers inspectent le distributeur bancaire du Crédit Agricole au plus près. «Non je n'ai rien remarqué. Il y avait bien un chantier mais sans lien avec cette histoire. Enfin je crois…», confie le témoin.
Un chantier ! Hier matin, au moins deux individus en ont réalisé un audacieux et original pour accéder au local de ce distributeur bancaire qui n'est pas adossé à une agence commerciale. Dans des circonstances qui restent encore à préciser, ces individus sont passés par l'arrière d'une maison, située avenue Victor-Segoffin. Une maison discrète qui abrite un cabinet d'architecte, Art & Build.
Les voleurs attendaient le «dabiste»
Cette agence installée également à Bruxelles, Luxembourg et Paris était vide hier. Les braqueurs ont forcé la porte d'accès pour arriver dans une cave. Ils ont alors effectué un trou pour pénétrer dans un appartement vide puis un dernier trou pour accéder à l'arrière du local du distributeur bancaire.«Quand la personne chargée d'alimenter le distributeur est arrivée vers midi, les deux individus se trouvaient déjà là», précise un policier. Le «dabiste», un employé de la Brink's, n'a pu réagir, menacé par au moins une arme. Les braqueurs, les visages dissimulés par des cagoules, se sont emparés du contenu des quatre valises que portait le transporteur de fonds. Les voyous ont pris soin d'en obtenir l'ouverture pour éviter les projections d'encre qui en cas de forçage, maculent les billets et les rendent inutilisables. «Ils ne sont pas partis avec les valises mais avec les billets», confirme le service régional de la police judiciaire qui a été chargée de l'enquête par le parquet.
Le montant du butin avoisine les 75 000 €. Une grosse somme qui a disparu avec les deux braqueurs qui seraient repartis en voiture sans attirer l'attention des passants. L'alerte a été donnée à 12 h 20 par l'employé de la Brink's mais les agresseurs se trouvaient déjà loin.
«Ce n'est pas une première mais ce n'est pas une méthode courante pour les braqueurs», confie un enquêteur de la police judiciaire. En avril 2010 à Albi, un individu s'était dissimulé dans le faux plafond d'un distributeur du Crédit Agricole pour surprendre le «dabiste». Il avait disparu avec 50 000 € et n'a jamais été identifié.
Les trous successifs pour pouvoir accéder au local qui abrite le distributeur, une pièce renforcée qui ne s'ouvre pas vraiment comme une boîte de conserve, ont pu être réalisés «assez rapidement», selon les policiers. Rien à voir avec le casse de l'agence du Crédit Agricole de Bessières, en mars 2014, où les «égoutiers» ont travaillé sans doute pendant plusieurs semaines pour fabriquer un tunnel et accéder à la salle de coffres (lire l'encadré).
Hier à Toulouse, autour de la place du Busca, les policiers ont multiplié les constatations techniques. Pendant ce temps, des membres du groupe de répression du banditisme ont interrogé le voisinage pour tenter de dénicher une piste. Les constatations techniques leur offriront peut-être une ligne à suivre. Il faudra attendre les analyses même si le coup semble avoir été très bien préparé.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/08/2024909-busca-les-braqueurs-du-dabiste-sont-passes-par-la-cave.html
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