«C'est bon, chef, je me rends.» Ce sont les rares mots qu'Emmanuel Dulys a prononcés lors de son arrestation hier vers 10 h 50. Le Lourdais de 41 ans, qui a tenté de tuer son ex-compagne en lui tirant trois fois dessus, rue Matisse à Lourdes, mardi vers 18 heures, s'était planqué sur une aire de repos protégée d'arbres et de haies, juste à côté de la gare de départ du funiculaire du pic du Jer. Deux policiers municipaux, qui patrouillaient hier matin, l'ont découvert et interpellé, quelques minutes à peine avant que nous arrivions sur les lieux. Il s'agit du brigadier-chef Vincent Bayart, 46 ans, responsable de service, et de Bertrand Igau, 33 ans, policier municipal stagiaire depuis seulement trois jours, également joueur au FCL XV.
«C'est mon collègue qui a été intrigué par un scooter à travers la haie, raconte le brigadier-chef Vincent Bayart. C'est en continuant notre progression que nous avons découvert un homme sur un banc. Nos regards se sont croisés et je crois qu'il a vite compris que nous l'avions reconnu. Il n'a pas opposé de résistance et a déclaré : «C'est bon, chef, je me rends». L'homme était fatigué, sans doute sous-alimenté et gagné par la lassitude d'avoir passé plusieurs jours ici, se sachant traqué. Nous avons appliqué la procédure en vigueur en matière d'interpellation.
«Oui, j'ai une arme dans la poche droite»
Je lui ai demandé de me montrer ses mains pour voir s'il ne tenait pas d'arme et je l'ai menotté. Puis je lui ai demandé s'il avait une arme sur lui. Il m'a répondu : «Oui, j'ai une arme dans la poche droite». Effectivement, il avait une arme avec un chargeur et une balle engagée dans la chambre. J'ai effectué le désarmement et j'ai mis l'arme de côté pour la préservation des traces et des indices. C'était un pistolet automatique de calibre 6-35. Nous avons ensuite contacté l'officier de police judiciaire de la police nationale qui est arrivé très vite.»Cette arrestation scelle l'aboutissement heureux de trois jours de chasse à l'homme. En effet, la police nationale de Lourdes et de Tarbes, en collaboration avec la gendarmerie qui a notamment mobilisé son hélicoptère, s'est considérablement investie pour retrouver le fugitif. Elle a également sollicité ses collègues de la circonscription de Pau pour assurer la protection de la victime au centre hospitalier de la même ville.
Quelques minutes après l'arrestation, les deux agents municipaux ont reçu les félicitations du commandant de police François Pouchan, en plus de celles de l'adjoint au maire de Lourdes en charge de la sécurité Philippe Subercazes.
L'homme était déterminé à ne pas se laisser interpeller
Les deux policiers municipaux qui, faut-il le rappeler, ne sont munis que d'une bombe lacrymogène et d'une matraque télescopique, ont fait preuve d'un grand courage face à un homme au profil très dangereux qui avait poignardé son ex-compagne dans la rue le 13 août dernier et le 16 décembre 2008 avait séquestré sa concubine de l'époque et leur bébé et jeté un cocktail Molotov sur un policier qui tentait de l'interpeller. D'après le frère de l'homme en cavale, il était déterminé à ne pas se laisser interpeller et il était prêt à en découdre avec les forces de l'ordre.«Dans le feu de l'action, on n'a pas eu le temps de se poser de questions, on ne s'est pas vraiment rendu compte du danger potentiel» témoignent-ils. «On aurait dit comme un cadeau de Noël», confie Bertrand Igau. Contacté par nos soins, l'adjoint au maire de Lourdes en charge de la sécurité se dit «fier du travail accompli» par ses agents et va demander à la préfecture une distinction. «C'est aussi le fruit d'un travail de restructuration que nous avons débuté depuis notre élection.»
Né le 11 mai 1973 à Mende (préfecture de la Lozère), Emmanuel Dulys a été placé en garde à vue pour tentative d'homicide, non sans avoir été examiné préalablement au centre hospitalier de Lourdes pour savoir si son état de santé était compatible avec son audition au commissariat de la cité mariale. L'homme de 41 ans, au casier judiciaire déjà bien rempli, a pris conscience de son geste et d'avoir commis l'irréparable.
Il était charpentier-couvreur dans une entreprise de construction de hangars métalliques à Pierrefitte-Nestalas. «C'était un employé sans histoire», nous confie une source proche de l'entreprise. Quant à la victime, hospitalisée à l'extérieur du département, «ses jours ne sont pas en danger».
http://www.ladepeche.fr/article/2014/09/06/1946138-le-fugitif-arrete-sous-nos-yeux.html
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