dimanche 3 août 2014

Menaces et coups de feu : un blessé

« JE VOUS L’ASSURE, en deux mandats de maire, c’est la première fois que je traverse ce genre de problème », témoigne Maurice Demesmay. L’homme, inquiet, est exaspéré de voir la tranquillité de Rurey (commune située entre Quingey et Ornans) et la quiétude de ses habitants ruinées depuis plusieurs jours par une famille extérieure au village.
« Cela fait des mois que nous subissons divers cambriolages et vols de voitures. La mairie a aussi été visitée. La gendarmerie de Quingey est intervenue à chaque fois et plusieurs enquêtes sont en cours. Jusqu’à présent, les coupables n’ont pas été retrouvés. »

Tout s’enchaîne à partir de juillet

Mais l’élu sent bien que la tension monte. Ses administrés s’énervent et pensent qu’il y a peut-être une raison pour laquelle la tranquille bourgade sert de cible. Comme un fait exprès, tout s’enchaîne à partir de juillet.
« Il y a d’abord eu la tentative de vol au bureau de tabac », poursuit Maurice Demesmay. « Puis la nuit du 15 au 16. Plusieurs résidents en ont été les victimes. Cela a commencé vers minuit. Le propriétaire d’une maison a mis en fuite un individu qui tentait de pénétrer chez lui. Lorsqu’il est allé dehors, il a remarqué que sa porte de garage avait été forcée et que la moto de l’un de ses fils n’y était plus. Entre-temps, d’autres complices ont tenté de voler trois voitures dans le village. Les habitants, éveillés, m’ont alerté et ont essayé de les coincer dans les rues. Mais les voyous ont réussi à s’enfuir à bord de leur voiture, qu’ils ont calcinée un peu plus tard. »

« On va chercher nos fusils et on va tous se mettre d’accord »

A compter de cette ultime attaque, il ne se passe plus rien. Jusqu’à mercredi dernier, lorsqu’un autre fils de la première victime de la « fameuse » nuit rencontre, devant la mairie, des membres de la famille citée au début de l’article. Ses soupçons se portent sur eux parce qu’il connaît bien leurs agissements. Il décide de leur faire entendre raison. Le ton monte et les choses s’enveniment.
D’après les témoignages recueillis par le maire auprès des habitants présents sur les lieux, ces personnes, qui sont du village d’à côté, furieuses, ont nié en bloc les accusations portées à leur encontre. Ils seraient alors remontés en voiture en proférant cette menace : « On va chercher nos fusils et on va tous se mettre d’accord. »
Sylvie Large, une conseillère municipale, présente à ce moment-là en l’absence du maire, alerte les gendarmes de Quingey. « Très vite, ces gens sont revenus à la mairie et ont tiré des coups de feu en l’air avec leur carabine », détaille la conseillère. Le souvenir de la scène hante encore son regard. « Puis ils sont repartis en trombe, manquant d’écraser quelques personnes. Les gendarmes sont arrivés après et sont partis à leur poursuite. Ils avaient leur description. Ils sont revenus vers 23 h pour dire au maire qu’ils les avaient calmés. »
Pourtant, le lendemain soir (jeudi), Maurice Demesmay est dans son bureau lorsqu’il entend des coups de feu à la sortie du village. Il se dirige vite vers l’origine du bruit et assiste, consterné, à une scène qui aurait pu tourner au drame.
« Les fous furieux de la veille avaient coincé la voiture de leur accusateur et avaient criblé son véhicule de balles, heureusement sans blesser son occupant. Ils ont ensuite menacé, avec un fusil, le propriétaire de la maison où s’est déroulé le grabuge. Ce dernier, pourtant très calme, tenait sa carabine à la main. Il a visé son agresseur et a tiré. Il ne l’a blessé que légèrement. Les gendarmes de Saint-Vit sont intervenus très vite, puisque je les avais appelés. Ils ont procédé aux interpellations et ont interrogé les témoins. »
Le groupement de gendarmerie de Besançon confirme que tous les protagonistes ont été identifiés. Le propriétaire de la maison qui a blessé son agresseur est sorti de sa garde à vue avec une convocation ultérieure au tribunal correctionnel. L’enquête est toujours en cours, en lien avec le parquet de Besançon.
Désormais, les habitants de Rurey ont peur que cela ne recommence. Mais le maire est catégorique : « Je ne laisserai pas ce genre de choses dégénérer davantage. Je prendrai toutes les mesures possibles, avec les forces de l’ordre et la préfecture, pour les empêcher de nuire à nouveau. »

http://www.estrepublicain.fr/doubs/2014/08/03/menaces-et-coups-de-feu-un-blesse

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