Je fermais les yeux et en disant ‘‘ aïe '', mes dents se sont ferméesLa victime est aussi père de quatre enfants. Pour lui, c'est le terme d'arrachée qui convient. Il mime la scène avec force gestes au tribunal : « Il essaie de me planter le couteau dans le cœur, là, comme ça… Après, on est tombé dans l'escalier, en bas, il était sur moi et j'ai senti qu'il arrachait mon oreille. Comme dans Midnight Express. Je criais. Il s'est relevé et il a craché le morceau par terre. Comme ça ptffeu. » Le procureur tord la bouche : « On a compris, merci. »
L'homme a la tête bandée, un filet de résille pour tenir les pansements, et son avocate, Nadège Harambasic, a du mal à lui imposer le silence.
Il bout, d'autant plus que le prévenu minimise, préférant la version « cisaillement » involontaire : « Elle s'est coupée comme du papier. » D'ailleurs, il n'a « pas voulu mordre ». C'est le hasard qui a fait cela : « Je fermais les yeux et en disant ‘‘ aïe '', mes dents se sont fermées. Je ne savais pas qu'il y avait son oreille. »
Le couteau ? « Un couteau plein de Brie qui restait sur la table après le déjeuner. »
Et de s'apitoyer sur son sort : « À cause de ça, je ne vais pas pouvoir toucher ma femme pendant six mois. Je dois faire des tests VIH, je suis peut-être séropositif. C'est pire que d'aller en prison. » Le magistrat qui mène l'audience lui demande s'il aimerait avoir perdu la moitié de son oreille.
Pour le procureur, il y a bien eu arrachement volontaire du cartilage. Et il récapitule les mensonges de l'agresseur qui veut se faire passer pour une victime. « C'est lui qui prend un couteau, qui va au contact. Ce n'est pas l'attitude pour simplement se défendre. » Et de souligner son absence de remords ou d'excuses. Cet ancien militaire a cinq mentions à son casier, dont une pour violence. Il est donc récidiviste et risque entre quatre ans (peine plancher) et vingt ans de prison, pour mutilation. Les réquisitions sont de deux ans, dont un avec sursis, obligation d'indemniser la victime, et de ne pas l'approcher.
Son avocat, Maître Zapirain s'appuie sur la physionomie de l'agressé, nettement plus imposante que celle de son client, plutôt fluet. Il pointe aussi l'évidente impétuosité du voisin qui a effrayé son client.
Celui-ci pleure en revenant à la barre, il pense à ses enfants dont il vient d'obtenir la garde. Du bout des lèvres, il dit qu'il regrette ce qui s'est passé.
Le tribunal n'a pas été convaincu et a suivi mot pour mot les réquisitions
http://www.sudouest.fr/2014/07/23/un-an-de-prison-pour-le-croqueur-d-oreille-1622689-3944.php
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