mardi 1 juillet 2014

Il aurait amassé 5,5 M€ avec un système d'escroquerie élaboré

Plus de trois ans d'enquête ayant mobilisé les deux juges d'instruction du Tarn-et-Garonne et les limiers du GIR de Toulouse, des centaines d'heures d'écoute téléphonique, et plus d'un million d'euros saisi par la justice dans une vaste affaire de fraudes fiscales, d'abus de biens sociaux et de détournement d'argent commis sur Auvillar, Castelsarrasin, Évreux et Valence-d'Agen, c'est un procès hors norme qui s'ouvre ce matin et se poursuit demain, devant le tribunal de grandes instances de Montauban présidé par Dominique Lenfantin et Bernard Lambert pour le ministère public.

Une entreprise d'escroquerie élaborée

Un dossier requalifié devant le tribunal correctionnel qui n'enlève rien à l'importance du système frauduleux mis en place par le principal mis en cause présumé : Mohamed Chalaal, 54 ans, et sa comparse Christelle Dupont, 47 ans, qui ont déjà purgé 7 mois de détention préventive chacun et qui comparaîtront avec cinq autres mis en examen.
C'est, en effet, selon un mode opératoire étudié que Mohamed Chalaal a mis en place, depuis au moins 2005, une véritable nébuleuse commerciale et financière élaborée, visant à frauder le fisc, l'Urssaf mais aussi d'enrichissement personnel aux dépens d'entreprises vouées à péricliter. Une arnaque où le principal instigateur de ce système n'apparaissait jamais directement usant toujours de prête-noms dont certains membres de sa famille. Le mis en cause louait ainsi les murs dont il était propriétaire via des sociétés immobilières (SCI) à plusieurs établissements (des bars-restaurants notamment le Béarn et le Lounge à Valence-d'Agen, des discothèques à Castelsarrasin et Évreux ou encore un garage station-service toujours à Valence-d'Agen). Des SARL d'exploitation créées de toutes pièces par M. Chalaal et tenues par des gérants de «paille.» Ce premier demeurant dans la réalité le véritable gérant de ses sociétés. Ces dernières devaient verser un important loyer ainsi que des recettes complémentaires souvent en liquide, payer des factures ne relevant pas de l'exploitation de la société à la SCI LASN de Mohamed Chalaal. Ce dernier usant aussi des cartes bancaires desdites sociétés pour des achats personnels. Des dépenses somptuaires aboutissant, de facto, à la liquidation judiciaire de ces SARL dont les adjudicateurs découvraient le plus souvent l'absence de compatibilité et de registre du personnel. Ce système très étudié de faillite laissait un important passif, les dettes n'étant pas honorées lors de l'inévitable dépôt de bilan de ses sociétés, Mohamed Chalaal n'ayant toutefois pas oublié de se faire régler les loyers et autres dépenses à sa SCI. Perpétuant son système «mafieux», ce dernier n'hésitait pas à anticiper ces dépôts de bilan en créant de nouvelles SARL, identiques aux premières et sous un autre nom, afin de reprendre l'activité des sociétés dissoutes. Des sociétés de «reprise» dégagées des dettes des SARL précédentes et qui évitaient une rupture d'exploitation.

Un yacht, une Lamborghini, des bronzes de Rodin et Toutain

En cinq ans, Mohamed Chalaal aurait ainsi amassé un patrimoine estimé à 5,5 millions d'euros dont un yacht mouillant à Cogolin, une Lamborghini, des bronzes de Rodin et Toutain, et sans être exhaustif quelque 19 biens immobiliers. Défendu par Me Laurent Mascaras, il sera difficile, cette fois, pour celui qui usait et abusait de photos prises main sur l'épaule de plusieurs présidents de la République, de reléguer ses responsabilités dans ce système d'escroquerie dont il fut le pivot et la tête pensante.

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