Le premier avait choisi un dessin du Juge de Lucky Luke en guise d’avatar. Le second, une photo de Dark Vador, le méchant de La Guerre des étoiles. Deux magistrats doivent être fixés sur leur sort, ce mardi, après avoir été jugés par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avoir plaisanté sur Twitter lors d’une audience.
>> A (re)lire: Le compte rendu de l’audience devant le CSM
Les faits remontent au mois de novembre 2012. Avocat général et assesseur lors d’un procès pour «tentative de meurtre» devant la cour d’assises des Landes à Mont-de-Marsan, les deux magistrats se mettent alors à «gazouiller» sur le réseau social pendant l’audience.
«Bon, ça y est, j’ai fait pleurer le témoin…»
«Question de jurisprudence: un assesseur exaspéré qui étrangle sa présidente, ça vaut combien?» avait démarré l’assesseur, dont le compte était @Bip_Ed (fermé depuis). «Je te renvoie l’ascenseur en cas de meurtre de la directrice du greffe», avait répondu, plus tard, l’avocat général, dont le compte était @Proc_Gascogne (également fermé).«On a le droit de gifler un témoin?» avait poursuivi @Proc_Gascogne, puis: «Bon, ça y est, j’ai fait pleurer le témoin… #Oranginarouge». L’enquête administrative montrera qu’un témoin du procès avait effectivement pleuré lors de son audition.
«Balance de journaliste de Sud Ouest»
Lors de l’audience devant le CSM, mardi 8 avril, l’avocat général avait admis les faits, qualifiant certains de ses tweets de «décalés et difficilement admissibles». Mais, tout en reconnaissant être allé «trop loin», ce vice-procureur reconnu par ses pairs avait estimé que Twitter était toutefois un bon «moyen de faire connaître la justice de l’intérieur».Pour autant, l’histoire pose la question inévitable de l’indépendance d’un juge (l’assesseur) quand il se met à plaisanter avec l’avocat général au beau milieu d’une audience.
Les deux magistrats avaient reçu de nombreux messages de soutiens sur Twitter par plusieurs internautes, dont certains de leurs collègues, qui s’en étaient pris, de leur côté, à cette «balance de journaliste de Sud Ouest» qui avait révélé l’affaire et avec elle, les noms des deux protagonistes.
Peu sensible à cet argument, la représentante de la Chancellerie a demandé lors de l’audience devant le CSM, le 8 avril, la mutation d’office de l’avocat général impliqué, estimant que «l’affaire avait eu des conséquences désastreuses pour l’image de la justice».
http://www.20minutes.fr/societe/1362581-20140428-deux-magistrats-juges-avoir-plaisante-twitter-pendant-audience-cour-dassises
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