mardi 11 février 2014

Bethoncourt (25) : une coloration à domicile vire au cauchemar

«Ryan, mon petit garçon de 7 ans, ne pouvait pas me regarder sans pleurer. C’était horrible. Je faisais peur à tout le monde ». À tout le moins. Sur les photos mémorisées sur son téléphone, Ghizlane Hani à la tête d’un samouraï hatamoto après une rixe guerrière. Ou « au carré » pour faire plus familier sauf que son visage n’est pas en angles, plutôt en courbes tant il est boursouflé. Les paupières closes par des œdèmes orbitaires énormes, la jeune maman est méconnaissable. La faute à une réaction allergique à la suite d’une coloration des cheveux.

Rouge cachemire

Ghizlane Hani, 30 ans, voulait se faire jolie pour le mariage de son frère. C’était début février. Première mission : une coloration pour donner « de l’éclat » à sa chevelure épaisse. Pas chez le coiffeur. « J’en aurais bien l’envie, mais pas les moyens », confie la jeune femme, intérimaire dans l’industrie, actuellement à la recherche d’un emploi.
Comme des légions d’autres femmes, Ghizlane Hani achète sa crème colorante « rouge cachemire » en grande surface, « qualité professionnelle » assure la pub. La Bethoncourtoise connaît la marche à suivre. Des couleurs, elle en fait depuis l’âge de 15 ans « en moyenne une à deux par an, sans jamais avoir eu le moindre problème ». A-t-elle fait le test d’allergie comme préconisé en gros et en rouge par le coloriste dans la rubrique pleine page « instructions de sécurité » car, « les colorants capillaires peuvent provoquer des réactions allergiques sévères » prévient-on ? « J’ai fait le test sur le bras et sur la nuque le mercredi, sans réaction et j’ai appliqué la couleur le jeudi » assure la jeune femme.
Deux jours plus tard, en plein mariage, les premiers symptômes apparaissent : le côté gauche de son visage a doublé de volume. « Peut-être une allergie à vos boucles d’oreilles », lui dit-on aux urgences.
Le dimanche matin, Ghizlane Hani se réveille avec un œdème tellement important à un œil qu’elle ne peut l’ouvrir. Le lundi, l’autre œil subit le même sort. Elle présente des plaies « suintantes » au cuir chevelu, sur la nuque et derrière les oreilles, une déformation faciale. « Un vrai cauchemar ».
Retour à l’hôpital. Ghizlane Hani fait une violente réaction allergique à la coloration. Un shampoing spécial lui est prescrit pour calmer les brûlures au cuir chevelu, une crème pour les plaies derrière les oreilles et un traitement médicamenteux.
Interdiction lui est notifiée de poursuivre l’allaitement de sa petite fille Aya, deux mois. Une incapacité temporaire de travail de huit jours est fixée par le corps médical. Une semaine plus tard, la jeune maman a retrouvé visage humain. Ses plaies se résorbent. « N’empêche que j’ai eu très peur, imaginé le pire ». Elle témoigne « pour faire savoir que ça peut arriver » et n’exclut pas de saisir la justice.
« Des centaines de millions de femmes dans le monde utilisent nos colorations. Les réactions allergiques sont extrêmement rares. Bien moins courantes que les allergies alimentaires » précise le monsieur communication de l’entreprise concernée, avisée des lésions subies (via le numéro Cristal mentionné sur le pack couleur) par la Bethoncourtoise. « Le test a-t-il été fait ? Les recommandations suivies ? », poursuit-il. Si oui pourquoi a-t-elle fait cette allergie alors qu’elle n’en faisait pas avant ? D’où l’importance pour cette dame de rentrer dans une démarche de prévention, de cosmétovigilance, de consulter un dermatologue et de nous retourner le questionnaire dûment rempli que nous lui avons adressé le 6 février. »

http://www.estrepublicain.fr/insolite/2014/02/10/la-couleur-vire-au-cauchemar

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