Ils étaient convoqués pour une audition «libre». Mais même sans qu’aucune procédure ne soit, pour l’instant, engagée à leur encontre, Claude Durand, dit «Paco», Jean-Pierre Mirouze et Joseph Pujol, dit «Jojo», ont passé près de trois heures, hier après-midi, dans les locaux de la compagnie de gendarmerie de Saint-Girons. Ces trois éleveurs répondaient à une convocation des militaires qui, sur réquisition du procureur de la République de Foix, souhaitaient en savoir davantage sur les événements survenus en septembre dernier, lorsqu’après le dérochement d’une quarantaine de brebis sur l’estive de Pouilh, des agents de l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), venus procéder à un constat, auraient été pris à partie.
Pendant tout l’après-midi, les trois hommes ont donc répondu aux interrogations des enquêteurs. «Ils voulaient savoir ce qui s’était passé, si nous étions là, avec qui, si nous avions insulté les agents. On a répondu, et voilà…», a lâché «Jojo» Pujol à sa sortie des locaux de la gendarmerie saint-gironnaise. «Les gendarmes m’ont demandé si je reconnaissais avoir tenu certains propos. J’ai dit que oui et que, vu le contexte, je les assumais parfaitement», a ajouté Jean-Pierre Mirouze, «éleveur transhumant» et un des trois coprésidents de l’Association de sauvegarde du patrimoine d’Ariège Pyrénées (ASPAP).
Syndicats agricoles et élus présents au «soutien»
Une structure représentée par bon nombre d’adhérents venus soutenir les trois convoqués. Des militants de la FDSEA et le président des Jeunes agricoles de l’Ariège, Rémi Denjean, étaient également présents aux côtés de quelques élus, dont les maires d’Arrien-en-Bethmale, Gérard Pons, et de Saint-Lary, Gérard Dubuc. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas caché les raisons de leur mobilisation, ce lundi après-midi. «Je suis ici pour affirmer ma solidarité avec la profession des éleveurs et des bergers que l’on convoque sans ménagement à la gendarmerie», a indiqué le premier magistrat de Saint-Lary quand son homologue d’Arrien rappelait qu’il y a «quelques années», il faisait partie des «dix d’Arbas» qui avaient été condamnés en 2006 après de virulentes manifestations anti-ours.«Les éleveurs perdent leur outil de travail»
Car bien évidemment, la réintroduction du plantigrade dans les Pyrénées était au cœur de toutes les conversations, hier après-midi. «Tout ça, c’est à cause d’un mensonge d’État. C’est quand même un fonctionnaire du ministère de l’Environnement qui, dans les années ‘90, a menti à l’Europe. S’il n’y avait pas eu ce mensonge, que l’État a lui-même reconnu ensuite, il n’y aurait pas d’ours ici», a lancé Bruno Besche-Commenge, représentant l’association de défense de l’identité pyrénéenne (ADIP) en rappelant que les derniers lâchers d’ours, remontant au milieu des années 2000, étaient «franco-français». «Du coup, c’est l’État qui devrait être convoqué à la gendarmerie de Saint-Girons, et pas ces trois éleveurs qui perdent leur outil de travail», a-t-il conclu.Les éleveurs, eux, ont profité de ce rassemblement pour «regretter», une nouvelle fois, «l’attitude de cow-boy des agents de l’ONCFS qui viennent, pétard au côté, faire des constatations après un dérochement de grande ampleur, comme celui de Pouilh, sans respecter le désarroi du propriétaire du troupeau», a expliqué Rémi Denjean. «Dès lors, il ne faut pas s’étonner que parfois, ça dérape».
Ce qui semble donc avoir été le cas en septembre dernier, même si aucun des agents de l’ONCFS n’a, selon nos informations, déposé plainte contre les trois éleveurs. La balle est donc, désormais, dans le camp du procureur de la République pour décider des suites à donner à cette affaire : classement sans suite ou poursuites pénales…
http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/28/1804660-saint-girons-ours-trois-eleveurs-entendus-par-les-gendarmes.html
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