Un ancien gradé du commissariat de Laon comparait aujourd’hui devant le tribunal. Il est accusé de corruption et de blanchiment d’argent.
L’affaire avait provoqué un véritable séisme au sein de la police et du monde judiciaire. En juillet 2009, Eddie Allard, capitaine de la brigade de sûreté urbaine et numéro 3 du commissariat de Laon était interpellé par la police judiciaire pour corruption et blanchiment d’argent. Près de cinq ans après, le fonctionnaire sera jugé ce mardi devant le tribunal correctionnel de Laon. Il lui est reproché d’avoir encaissé de nombreux chèques provenant d’Adem Keskin, un ressortissant turc aux méthodes douteuses. Ce dernier sera lui aussi sur le banc des prévenus tout comme cinq autres personnes qui gravitaient autour des deux principaux suspects.
Le policier sur la paille
A l’époque, Adem Keskin avait ses entrées au commissariat. Avec son bagout, il a su tisser intelligemment son réseau de contacts, en s’assurant la sympathie des gradés qui le laissaient aller et venir à sa guise au sein du commissariat. Au-delà du microcosme policier, le Turc était devenu une figure dans la ville. Depuis son point de chute, un troquet situé en face du commissariat, il arrosait fréquemment ses nombreuses connaissances. Il était de toutes les fêtes et de tous les événements mondains.
De son côté, le capitaine était en proie à des difficultés financières, plumé par un divorce coûteux. Une aubaine pour Adam Keskin qui y a vu un bon moyen pour blanchir son argent sale. Il l’a épaulé à sa manière en lui prêtant de l’argent mais avec une contrepartie. Il lui remettait des chèques « professionnels », avec changement de libellés. Le fonctionnaire les déposait sur son compte personnel, retirant ensuite des liquidités qu’il remettait à son bienfaiteur. Au passage, il prenait une commission.
L’argent provenait en fait d’abus de biens sociaux et de banqueroutes. A quatre reprises, Keskin a fait déposer le bilan de ses sociétés. A chaque fois, en évitant de déclarer une partie des revenus tirés de la sous-traitance des chantiers décrochés par de grosses entreprises locales qui lui faisaient confiance.
Quinze mois de cavale pour le Turc
Ces combines sont remontées aux oreilles du procureur qui a instruit une enquête. L’interpellation du policier avait fait l’effet d’une bombe. Son complice présumé, sentant le vent tourner, avait mis les voiles en Turquie vidant ses comptes à hauteur de 300 000 €. Il sera arrêté à sa descente d’avion dans un aéroport parisien en octobre 2010. Depuis il reste incarcéré.
Mis en examen pour blanchiment d’argent et corruption passive, l’ancien policier a effectué trois mois de détention provisoire mais comparaîtra libre. Cet officier, apprécié de tous, toujours bien noté par sa hiérarchie, devra maintenant expliquer comment il a pu se laisser sombrer dans ses méthodes de ripou.
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