Deux ou trois phrases en début d’audience, à la demande de la cour d’assises qui lui demande de s’exprimer. «Je regrette beaucoup, je n’étais pas moi-même ». C’est en effet le problème de Cédric Bernard, qui doit répondre de la mort de Jacques Gondrand, tué de huit coups de marteau fin octobre 2010, dans sa résidence secondaire de Ferracap, à Penne-d’Agenais.
Il n’était donc pas lui-même, dit-il, quand il revient aussi sur les lieux du drame, une semaine plus tard, qu’il gare sa voiture dans la cour de la maison et qu’il passe la nuit devant l’ordinateur de la victime alors que les scellés ont été posés sur la maison à fins d’enquête par les gendarmes.
Est-il lui-même quand, vers 16h30, hier, il choisit de ne plus parler à la cour, s’assoit dans son box ? La cour le questionne depuis plus d’une heure, et sur le calendrier de vie de ce célibataire de 33 ans arrive le décès de sa mère. Il a perdu son père à l’âge de 2 ans. D’ailleurs, son paternel, lui semble-t-il, «appartenait au milieu mafieux. Il a été renversé par une voiture. Mais je n’en sais rien, en fait».
«Des voix…»
Au décès de la mère, il part en Espagne. Accueilli, recueilli plutôt, par un professeur de capoeira (*). Bernard rentre en France mais il entend «toujours des voix». Mystique, c’est la voie choisie par l’accusé pour expliquer ses contradictions, le flou artistique qui règne entre les procès-verbaux d’audition devant le juge et ses déclarations dans le box hier.Quand la présidente Annie Cautres met le doigt sur sa récidive de septembre 2010, quelques jours avant les jours sordides de Penne-d’Agenais, il est confus. «Je ne sais pas pourquoi ». Pourquoi en effet, moins de trois mois après sa sortie de prison - il a été condamné pour vols - récidive-t-il dans le Villeneuvois ?
Pourquoi, lui demande alors son avocate, Me Lagarde, s’est-il déguisé pour ces cambriolages, avec une tenue mi-pompier, mi-militaire ? Même réponse : «Je ne me souviens plus». Son enfance ? Que des «mauvais souvenirs», entre le placement en centre spécialisé, l’année passée à Sedan, dans les Ardennes, et l’enfance. «Une famille de pauvres, on mangeait à tous les repas, mais c’était difficile».
«Amoureux de l'argent»
Portrait-robot de l’accusé parfait s’il existe, enfance difficile, orphelin de père, et aussi les stupéfiants dès l’âge de 18 ou 19 ans, il l’explique lui-même. Stupéfiants et besoin de fonds suffisants. «Je suis amoureux de l’argent», lâche Bernard à la cour d’assises. Sa compagne de l’époque l’a lâché. Un peu normal, des chèques du père de la jeune fille ont disparu. «Quand j’ai arrêté de vendre de la drogue, j’ai commencé les cambriolages».Et les condamnations tombent. Le masque aussi. Il bénéficie d’un placement sous surveillance électronique, avec un bracelet à la cheville. Il s’en sépare. Son conseiller de probation explique que Cédric Bernard n’avait pas accepté d’essuyer un refus pour aller voir un match de foot. Pourquoi encore course-t-il l’une des victimes de ses cambriolages avec une épée volée dans une autre maison ?
En 2010, la cour d’appel rejuge Bernard. Il écope de 2 ans ferme. La justice ordonne l’obligation de soins non sans avoir commandé une expertise psychiatrique. L’expert relève un «délire de persécution», les vols ne seraient «qu’en partie» liés à ses délires. La justice encore propose une hospitalisation sous contrainte aux termes de l’incarcération. Ce n’est pas le cas. Il sort en juillet 2010, reprend du service dès sa sortie de prison et se retrouve fin octobre chez Jacques Gondrand. Retour sur les faits aujourd’hui. Verdict attendu jeudi.
(*) Un art martial brésilien qui puiserait ses racines dans les méthodes de combat et les danses d’Afrique
http://www.ladepeche.fr/article/2013/11/19/1755471-demeler-le-vrai-du-fou.html
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