La police a évacué mercredi matin à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, l'un des plus grands bidonvilles habité par des Roms en France. Ces dernières semaines jusqu'à 800 personnes dont des dizaines d'enfants y vivaient.
Environ 300 personnes avaient déjà quitté les lieux la veille au soir, et mercredi matin, 300 policiers ont fait sortir de leurs cabanons de planches les 250 occupants restants dont environ 70 enfants, sans "aucun incident" selon la préfecture.
A 22 ans, mère de quatre enfants de 5 mois à 12 ans
"Je ne sais pas où je vais aller", s'est désolée une mère de famille de 22 ans, Cassandra Punca, qui habitait avec ses 4 enfants de 5 mois à 12 ans dans le camp depuis trois mois. "On n'a pas d'argent, on est venu en France pour pouvoir (acheter de quoi) manger", raconte cette femme originaire de Bucarest. Sur ces centaines de personnes évacuées par une température d'environ 7 degrés, moins d'une dizaine se sont vu proposer un hébergement pour la nuit de mercredi à jeudi. Il s'agit des "personnes les plus fragiles" parmi les rares qui se sont soumises au "diagnostic social" que doivent réaliser les pouvoirs publics avant d'évacuer un camp de Roms, a affirmé sur place le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli.
Site sécurisé avant de laisser la place aux bulldozers
"Des chambres supplémentaires ont également été réservées, afin de répondre à d'autres besoins pouvant émerger dans la journée", a souligné la préfecture. Les autres dormiront dehors ou rejoindront d'autres campements dans la région parisienne. L'évacuation a débuté vers 8 heures et duré une heure et demie. Des équipes de la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF), propriétaires du terrain, ont "sécurisé" le site, ramassant notamment les bouteilles de gaz qui pouvaient encore s'y trouver, avant de laisser la place aux bulldozers.
La Voix des Roms dénonce la "brutalité de l'opération"
Vers 11 heures, la plupart des cabanes étaient encore debout, des Roms y ayant abandonné des tapis, leur télévision, ou encore des jouets d'enfants, au milieu de détritus. L'association La voix des Roms a dénoncé "une opération d'une très grande brutalité", mettant "au trottoir à l'entrée de l'hiver plusieurs centaines de personnes". L'évacuation de ce camp, qui s'est construit depuis cet été sur des terrains en friche de cette commune populaire de 46 000 habitants, au nord de Paris, était pressentie.
Leur présence perturbait l'approvisionnement d'un chauffage central
Les habitations de fortune perturbaient en effet l'approvisionnement en charbon de l'une des plus importantes centrales de chauffage urbain de la capitale, qui alimente environ 110 000 personnes mais aussi de nombreux hôpitaux parisiens. Il ne pouvait plus se faire que par camions, la voie de chemin de fer qui permet d'habitude de transporter le charbon à partir de l'automne étant recouverte sur des dizaines de mètres par des cabanons.
La maire FDG avait pris un arrêté municipal
L'évacuation a été obtenue en justice par la SNCF et RFF, puis déclenchée après un arrêté municipal de la maire Front de Gauche, Jacqueline Rouillon, qui en avait appelé, le 29 octobre, au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, jugeant qu'il était de la "responsabilité de l'Etat" de résoudre le problème. La mairie estime avoir déjà fait son maximum pour les Roms avec la construction d'un village d'insertion.
"Péril imminent" encouru par les Roms
La préfecture a décidé de lui prêter main forte, au nom du "péril imminent" encouru selon les autorités par les Roms, à cause de "branchements électriques sauvages", de "l'absence de sanitaires et d'évacuation des eaux" ou encore de "l'amoncellement" de déchets. Ces derniers mois, les expulsions de camps de Roms se sont multipliées en Seine-Saint-Denis, permettant selon la préfecture de faire chuter le nombre de ces ressortissants roumains et bulgares dans le département, de 9 000 début 2012 à 2 500 aujourd'hui.
Meilleure répartition dans de petits camps
Aujourd'hui "les populations roms se sont un peu mieux réparties" en région parisienne, s'est félicité le préfet, soulignant que les grands camps de plusieurs centaines de personnes avaient été remplacés par des "petits sites de 20 à 30 personnes qui sont mieux supportés par le voisinage". Selon les estimations de l'Etat, corroborées par les associations, il y aurait entre 15 000 et 20 000 Roms installés en France, la grande majorité vivant dans des bidonvilles ou dans la rue.
http://www.midilibre.fr/2013/11/27/l-un-des-plus-grands-bidonvilles-roms-en-france-evacue-a-saint-ouen,789180.php
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